Arbitrage : L’ASM est-elle désavantagée ?

Arbitrage : L’ASM est-elle désavantagée ?

15 septembre 2022 37 Par Olivier N

Fofana exclu contre Rennes à la 15ème minute, le show de Rudy Buquet contre Troyes…. à peine le mois d’août terminé que des polémiques émaillent l’arbitrage réservé à l’ASM. Des polémiques qui ravivent de très mauvais souvenirs des saisons passées pour les supporters asémistes. La grande question est de savoir si l’ASM est spécifiquement désavantagée par l’arbitrage là où d’autres bénéficient des largesses de quelques mous du sifflet. Parano ou état de fait ? Complotisme ou injustice ? Cette semaine deux de nos chroniqueurs chéris (Thibault F et Geoffroy B) s’opposent sur cette question.

L’avis de Thibault F. :

L’arbitre fait partie du jeu : c’est un fait indiscutable. Les supporters le prennent souvent pour cible et il est généralement la première excuse pour expliquer la déroute sportive d’une équipe. Certaines de ses décisions peuvent changer le sort d’une rencontre et on se rend compte que la VAR ne change pas ce phénomène. Allez demander à la Juventus si elle est satisfaite de la VAR après sa fin de match contre Salernitana.

Est-ce qu’attaquer l’arbitrage est un prétexte pour éviter de parler du début de saison compliqué des Monégasques ? Ou l’AS Monaco est-elle défavorisée par l’arbitrage depuis le début de cette saison de Ligue 1 ? (On ne parlera pas de l’arbitrage en Coupe d’Europe : sans commentaire).

Restons factuel : l’ASM est 18ème du classement du fair play … 15 cartons jaunes et 3 cartons rouges en 7 journées ! Le plus choquant est qu’en 630 minutes de Ligue 1, l’équipe a joué 139 minutes en infériorité numérique soit 22% du temps. Youssouf FOFANA est exclu à la 15ème minute face à Rennes : double peine pour Monaco qui, à 10, méritait déjà mieux que le point du match nul, mais qui prive également l’ASM de son unique milieu défensif contre Lens (Mohamed CAMARA n’ayant pas encore signé à ce moment-là). Face à Lens, la performance sportive de l’équipe cache un arbitrage discutable … le pénalty est intelligemment obtenu et le rouge sur VANDERSON montre aussi qu’il devait, quoiqu’il arrive, être sorti du terrain lors de ce match. Face à Paris, Monaco fait son match de référence d’un point de vue intensité. Dans l’Afterfoot sur RMC, ils se demandent comment NEYMAR termine ce match … averti dès la 5ème minute, il réalise plus tard une obstruction grossière sur Mohamed CAMARA sans être sanctionné. A noter qu’en fin de match, c’est ce même NEYMAR qui va chercher (“chercher” à la fois la faute et la VAR qui vient contredire la première intuition de l’arbitre central) et inscrire le pénalty … Et cette fois, Guillermo MARIPAN ne prendra pas de carton : il n’y a donc pas d’homogénéité d’un match à l’autre. Le match contre Troyes reste le plus bel exemple de cet acharnement arbitral du début de saison : tout le monde se demande encore comment Troyes obtient un pénalty et comment Guillermo MARIPAN se fait exclure … Je pense que si tous les arbitres prenaient le référentiel de Monsieur BUQUET lors de ce match, alors Presnel KIMBEMBE se ferait exclure pour six mois suite à son tacle contre Brest et on aurait même constaté un abandon de poste lors du match Guingamp Metz. En bonus, le but refusé à Youssouf FOFANA face à Nice pour une position de hors-jeu inexistante car couvert par Jordan LOTOMBA… et non récupéré par la VAR … anodin pour certain mais important pour soigner une différence de but qui fait aujourd’hui défaut aux Rouge et Blanc.

Alors oui ! Monaco est défavorisé depuis le début de la saison par l’arbitrage. Ce n’est pas la seule équipe mais c’est certainement la plus pénalisée depuis le début de la saison. L’argument ultime est peut-être la sortie médiatique de Paul MITCHELL. Le directeur sportif assez discret va donc contre sa nature pour rivaliser avec des personnes habiles dans ce genre de situation, à la manière d’un Jean-Michel AULAS ou d’un Nasser AL-KHELAIFI. Sa seule prise de parole n’est-elle pas un indice suffisant pour démontrer cette injustice ?

A votre avis, avec un arbitrage équitable, combien de points l’équipe de Monaco devrait-elle compter ?

L’avis de Geoffroy B.

L’arbitre a raison même quand il a tort. La raison, justement, doit-elle prendre le dessus sur la passion ? En tant que supporter, c’est chose peu aisée. Tout le monde se plaint de l’arbitrage même dans les “gros” clubs. Alors l’arbitrage au sens large est-il si mauvais ou le footballeur, de base, folklore oblige, prend-il un malin plaisir à toujours se plaindre de l’homme en noir (ou jaune, ou que sais je encore) ?

La Juventus de Turin, justement, se rend compte, qu’elle aussi peut subir des injustices arbitrales. La belle affaire, une équipe qui nous habitue, à chaque malencontreuse rencontre, à nous faire l’étalage de polémique douteuse ; la plus flagrante, un douloureux souvenir, apparemment Giorgi Chiellini est autorisé à jouer avec les mains…

Mais revenons à nos brebis galeuses. La VAR devait guérir tous les maux, c’est nullement le cas ! Après deux ans d’abus, Monaco semble enfin épargné, en tout cas avec un traitement moins abusif qu’à l’accoutumée. Le joueur monégasque ou plutôt le footballeur tout court n’est-il pas le premier fautif dans cette histoire ? L’arbitre aussi nul soit-il sur le terrain semble appliquer à la lettre les consignes de son grand patron. Cette saison, même si les cartons pleuvent bien plus qu’ailleurs dans l’Hexagone, les consignes sont connues et ce dès le début de la saison : protéger les joueurs et pas de contestation. Cela semble pourtant simple ? Et bien non, inlassablement nos dirigeants et nos joueurs tombent dans le panneau. Effectivement, sur le Rocher, on ne parle pas trop fort et on évite de se plaindre, bref on est apaisé et tranquille. Pour autant, comme l’écrivait récemment un supporter, la gestuel même d’un Maripan vaudrait presque un carton rouge et un pénalty par mi-temps. Le mal est peut-être plus profond que cela finalement. Quelle image véhicule un footballeur professionnel à un supporter lambda voire à un enfant ? Globalement, une personne qui conteste systématiquement une décision arbitrale et qui hurle, insulte voire bouscule. Est-ce qu’on pourrait imaginer cela au rugby ou en boxe ? Heureusement pour les arbitres de ces sports respectifs, non. On s’habitue donc, comme nos joueurs, à râler, à crier à l’injustice. Il est temps que nos dirigeants et nos joueurs, au-delà de marquer un but de plus que l’adversaire, la jouent fine. Fort des consignes données et connues à chaque début de saison, il faut faire au mieux, serrer les dents et ne pas se permettre une seule seconde d’inattention. A près tout, c’est un métier, non ?

Alors arrêtons un peu de se plaindre, l’injustice, avec ou sans l’assistance vidéo, existera toujours. Même avec des ralentis et des microscopes, on trouvera encore à redire. Il est temps de revenir aux fondamentaux et, à Monaco, c’est super simple, ils sont au nombre de deux : le beau jeu et le centre de formation.

Nous sommes clairement dans l’œil du cyclone, compte tenu de notre classement fair-play, mais dans tous les cas, il y aura toujours un dernier, non ? Il faut désormais faire le dos rond et attendre des jours meilleurs. Monaco, recordman de podium en Ligue 1, y arrivera avec ou sans l’aide de nos amis arbitres.

Photo : Serge Haouzi – FEP – Icon Sport