L’ASM vendue ?

L’ASM vendue ?

23 janvier 2024 23 Par Olivier N

Ce dimanche, le quotidien les Echos, dont la viabilité des informations n’est pas à remettre en cause, annonçait que D.Rybolovlev, propriétaire du club majoritaire à 66%, était à l’écoute du marché aux fins de cession du bloc de parts qu’il détient. Si telle opération était réalisée, l’ASM changerait de main ceci sonnant la fin de l’ère russe débutée en 2011 alors que le club évoluait en L2. Une telle information risquant fort d’être suivie de son cortège d’analyses, spéculations, fantasmes et inepties, nous proposons un petit décryptage. Ce qui est concret et ce qui interroge ?

L’info

“Suite à la réception d’un intérêt non sollicité, l’actionnaire majoritaire de l’AS Monaco a décidé d’initier une procédure afin d’explorer des alternatives stratégiques pour sa participation dans le club. L’actionnaire majoritaire a fait appel aux services du Groupe Raine qui agira comme conseiller financier exclusif dans ce dossier. Aucune garantie n’est donnée quant à la conclusion d’une transaction impliquant le club à l’issue de cet examen stratégique, et, pour l’heure, nous ne comptons pas faire d’autres commentaires sur ce sujet “. Voici ce qu’a confirmé aux Echos le porte parole de l’ASM ce dimanche. 

L’information est donc réelle et sérieuse. Plusieurs marques d’intérêts externes ont été portées envers le club et l’ASM a mandaté une banque d’affaire (Raine) dont la fonction sera, dans un premier temps, d’évaluer les actifs du club. Ceci signifiant, à titre indicatif, d’estimer la valeur des 66% détenus par Rybolovlev et de la soumettre aux candidats intéressés par le rachat. Le football n’étant définitivement pas un commerce comme les autres, un tel calcul demeure arbitraire et repose principalement sur le bon-vouloir (ou la nécessité) du majoritaire à céder (ainsi que du minoritaire qui n’est autre que le Prince, particularité monégasque). On rappellera que Franck Mc Court s’est arrogé le contrôle du bloc majoritaire pour 46 M d’euros en 2016 à l’OM, alors que John Textor a acquis l’OL sur OPA pour 846 M de dollars.

Ce qui est certain c’est que l’ASM ne ferait pas appel au groupe Raine, réputé pour son expertise en “asset management” et fusions acquisitions dans le foot (Chelsea, Lyon, Girone…), si le propriétaire du club n’était pas enclin à céder sa participation majoritaire

La spéculation

Pourquoi ?

Cette information est protégée comme un trésor, si l’on sait que l’ASM est à l’écoute d’un projet de reprise, rien ne nous indique la raison pour laquelle D.Rybolovlev y est sensible. Est-il malade ? Est-il enjoint de quitter le navire par la Principauté ? De futures poursuites en correctionnelle rendent-elles sa position intenable ? Pense-t-il que le club a besoin de passer un cap qu’il n’est pas en mesure de lui faire franchir ? Doit-il sortir ses actifs du vieux continent afin d’éviter des sanctions internationales (cf Russie/Ukraine) ? Sent-il une occasion de merveilleuse plus-value ? Ou en a-t-il tout simplement marre ?…. Les questions sans réponses se multiplient et pourtant la cause réelle des intentions du propriétaires, si elle était établie, nous offrirait une lecture vérace du potentiel prix d’acquisition. Celui qu’on pousse vers la sortie ne vend pas au même prix que celui qui contemple patiemment les offres s’accumuler sur son bureau.

Combien ?

La encore les spéculations sont légion. L’on rappellera, à nos chers supporters, que le prix de cession ira, si cession se fait, directement dans la poche du cédant (Rybolovlev) et ne viendra pas garnir la trésorerie du club pour l’acquisition de joueurs. Le montant de la vente n’a donc que peu d’incidence tant que des garanties d’investissement sportif ne lui sont pas associées.

Entendu par Gregory Bustori pour france3-regions.francetvinfo.fr, le spécialiste de l’économie du sport Pierre Rondeau considère que 500 millions d’euros ne lui apparaissent “pas déconnant” pour un club comme l’ASM. Il se fonde sur la valeur active de l’effectif (autour de 300M d’euros, Boadu compris :)) à laquelle il adjoint un contexte de marché favorable, des infrastructures de pointe, une fiscalité avantageuse et une marque qui reste forte en France.

L’ASM dispose avant toute chose d’une situation géographique et politique unique qui en fait un havre de sécurité financière et pourrait largement aiguiser l’appétit d’investisseurs internationaux et dépasser le seul cadre d’une acquisition sportive. Si le candidat le plus sérieux se montrait dans une logique de “Soft power” (tel le Qatar au PSG) pour dégager un avantage sur ses rivaux voisins (Arabie-Saoudite, Oman,  Bahreïn, Emirats…), l’argent ne deviendrait même plus un sujet ! 

Qui ?

Ce qui amène enfin la question la plus brûlante : “Qui peut nous racheter ?”. Star du showbiz américaine, milliardaire en mal de sensations, conglomérat puissant, principauté ou monarchie du Golfe … ?. Pour Simon Chadwick, professeur spécialisé dans le sport et sollicité par Gregory Bustori, l’option la plus logique est américaine. C’est, à compiler les articles qui fleurissent sur le sujet, le son de cloche le plus prégnant. L’ASM aurait déjà reçu des sollicitations l’an dernier venues du nouveau continent. Mais, évidemment, rien de réellement concret n’a filtré à ce sujet et une telle nouvelle risque fort de laisser libre court aux divagations les plus extrêmes.

Photo by Johnny Fidelin/Icon Sport