Un contexte complexe

Un contexte complexe

21 septembre 2021 13 Par Romain P

Un début de saison poussif voire inquiétant, un collectif perdu, des individualités en souffrance, il n’en fallait pas plus pour que le doute s’installe dans la tête des supporters rouges et blancs. Alors que le groupe semble se remettre sur les bons rails, comment expliquer cet été compliqué ?

Le plus simple serait de tirer à boulets rouges sur les responsables :

Du recrutement Mitchell

Du terrain Kovac et son staff

Du terrain encore… les joueurs…. Enfin certains….

Le recrutement : pourquoi brûler ce que l’on a aimé ? L’an passé Mitchell était un génie pour être allé chercher, Volland, Caio, ou encore Disasi, aujourd’hui il est à jeter au diable pour avoir pris Boadu que l’Europe entière s’arrachait, Jacobs ou Nübel.

Le coach : porté aux nues en mai, et déjà remis en cause par certains en Août … pourtant le groupe est presque le même et de sources internes aucunes fractures ne sont apparues, ce que l’on sait c’est que la méthode Kovac est exigeante voire très exigeante… à voir avec le temps.

Les joueurs : il suffit de faire un petit tour sur les forums ou les réseaux sociaux pour comprendre qui est dans le viseur de ce début de saison :

Nübel, Volland, Jacobs, Boadu, Aguillar, Jean Lucas entre autre.

Alors peut être certains ont-ils vu juste, mais il peut y avoir aussi quelques raisons que le supporter passionné et impatient ne voit pas toujours :

  • Une préparation compliquée : un groupe volumineux, des internationaux revenus tardivement, des échéances couperets et des matchs amicaux qui ont peut-être installé une sorte de suffisance 3 victoires en 5 matchs de pré saison.
  • La League des champions : tout le monde le dira les tours préliminaires et les barrages, ça use, physiquement mais aussi mentalement. Nantes, Lorient, Lens ont sans aucun doute profité du relâchement coupable mais certainement non voulu pour venir semer le doute dans la tête des hommes de Kovac.
  • La jeunesse du groupe : si on cumule les deux paragraphes précédents et que l’on regarde de plus près la moyenne d’âge du groupe on trouvera forcement des liens. Mais alors pourquoi ne pas avoir recruté deux ou trois joueurs d’expériences ? peut-être pour laisser la chance aux jeunes ou parce que certaines pistes n’ont pu aboutir (Boateng ?)
  • Le contexte monégasque : ce n’est pas un scoop, tout le monde ne réussit pas à l’AS Monaco, les exemples sont nombreux de joueurs et pas des moindres à qui le cadre feutré de la Principauté ne suffisait pas, citons dans le désordre : Bierhoff, Panucci, Vieri, Ghudjonsen, Rohr etc….

Jouer à Monaco c’est accepté une situation particulière, coincé entre l’Italie et Nice, il faut trouver sa place, les Italiens supportent les clubs italiens, les Niçois supportent dans leur très grande majorité Nice et sont un peu moins exclusifs (il n’est pas rare de voir des Niçois supporter Monaco lors de certaines oppositions).

Ne perdons pas de vue que Monaco c’est une population de 32 000 personnes dont 8500 monégasques, bien difficile avec de telles proportions de remplir un stade dans une région où les divertissements ne manquent pas (le voisin niçois ne jouit pas d’un taux de remplissage de l’Allianz bien folichon non plus).

Il manque donc fort logiquement un poil d’engouement autour du club en Principauté, et il faut être fort dans sa tête quand on est joueur pour ne pas tomber dans une sorte de routine, personne pour venir vous tirer l’oreille ou crier son désarroi dans les moments difficiles au Centre de Performance de la Turbie.

Le Stade Louis 2

Hormis quelques affiches il sonne creux pour les raisons évoquées ci-dessus, les joueurs doivent faire face à un public, fidèle, connaisseur, amoureux de ses couleurs mais clairsemé, de quoi perturber plus d’un joueur au mental fragile, et à l’inexpérience flagrante.

Que dire des grandes affiches ?

Le voisin niçois remplit le stade ou presque à chaque derby, et c’est même devenu un jeu. Le gentil et populaire niçois part à l’assaut du vilain et trop riche rocher, au sens figuré comme propre, de quoi, là encore, perturber plus d’un joueur.

Le dernier match face à Marseille aura rappelé à ceux qui n’avaient pas connu de derby avec du public (Nübel, Volland, Disasi, Caio, Tchaouameni, Fofana, Boadu, etc) que la Canebière aussi prend ses aises au Louis 2 au grand dam des supporters monégasques impuissants.

Enfin, on peut se poser la question sur la réussite de la saison dernière, le huis clos général n’aurait-il pas nivelé les valeurs ? Le classement eut il été le même avec du public ? Lille aurait-il été champion ? Aurait-il été plus difficile d’aller gagner au Parc dans un stade plein ?

Nul ne saura jamais.

Malgré ces éléments contraires l’AS Monaco reste une place forte du football français, il y a aussi énormément d’avantages à porter les couleurs rouges et blanches.

Cette ferveur un peu absente à domicile est en revanche bien présente, à l’extérieur, les parcages sont pleins, il y a des clubs de supporters dans la France entière et le maillot à Diagonale est apprécié et respecté partout.

Alors mise en route difficile, simple question de réglages et de contre temps ou crise plus importante et saison compliquée à venir ?

Seul le terrain parlera et les prochaines échéances seront capitales.

Nul doute que tout rentrera dans l’ordre, question de temps et le stade Louis 2 pourra de nouveau chanter même si c’est un peu moins fort qu’ailleurs.

Photo : Picture Alliance – Icon Sport