Épopée ASM 1996-1997 : et de six !

Épopée ASM 1996-1997 : et de six !

19 mai 2020 7 Par Franck C

Neuf ans…Ce fut en effet une longue attente à laquelle ont dû faire face les supporters de l’AS Monaco afin de revoir les Rouge et Blanc s’installer sur le trône du Championnat de France en mai 1997 et remporter un 6ème titre national de l’histoire du club. Grâce à un effectif de qualité (E.Scifo, E.Petit, S.Legwinski, P.Blondeau, F.Dumas, B.Irles, F.Barthez, V.Ikpeba, T.Henry, John Collins, A.Benarbia, S.Anderson, G.Grimandi, L.Martin…), et à un coach expérimenté, Jean Tigana, le club de J.L.Campora a réalisé une saison exceptionnelle marquée par un duel au sommet avec le PSG version Canal + et par un sacre incontestable en Championnat de Division 1 (12 points d’avance sur son dauphin parisien). L’ASM a aussi effectué un parcours exceptionnel en Coupe UEFA avec une élimination aux portes de la finale face à l’Inter de Milan et après un parcours de premier ordre. Récit d’une saison qui fut inoubliable.

 

Championnat : une lutte farouche face au PSG de l’ère Canal +

Au début de la saison 1996-1997, ils sont quatre équipes favorites au sacre national selon les spécialistes de la Division 1 : l’AJ Auxerre, champion en titre lors de la saison précédente, le PSG récent vainqueur de la Coupe des Coupes face au Rapid de Vienne et dauphin du club bourguignon en championnat, le RC Lens, et l’ASM qui avait fini troisième du championnat en mai 1996, après un début de saison poussif et une phase retour pendant laquelle les Monégasques ont réalisé l’exploit d’être invaincus pour la première saison de J.Tigana sur le banc du club du Rocher. A la surprise générale, les joueurs de G.Roux n’arrivent pas à confirmer leur titre de champions et laissent les Parisiens de B.Lama, P.Le Guen, Rai et V.Guérin prendre le commandement de la Ligue 1 dès la 5ème journée de championnat. Le PSG, entraîné par L.Fernandez, fort de sa victoire en Coupe d’Europe quelques mois auparavant (Coupe des Coupes) et avec un effectif quasi inchangé à l’intersaison, semble prendre un avantage décisif sur ses concurrents. Mais l’ASM ne décroche pas et colle “aux basques” du club parisien jusqu’à la fin de la phase des matchs aller en décembre 1996. Le tournant favorable et décisif pour l’ASM fut la 21ème journée de championnat pendant laquelle le leader parisien fut battu à domicile par l’AS Nancy Lorraine (1-2) alors que dans le même temps, l’ASM était tenue en échec à Louis II par l’En Avant Guingamp (0-0). A la faveur d’une différence de buts plus favorable (+ 20), Monaco prenait alors le fauteuil de leader aux Parisiens. Une course poursuite s’engagea ensuite entre les deux clubs. Paris accusa le coup lors des deux journées suivantes (2 points en 2 matchs) alors que les hommes de Tigana enchaînaient deux victoires consécutives avant le choc de la 24ème journée entre les deux équipes à Louis II. Les Monégasques remportèrent le match (2-0 ; buts de S.Legwinski et S.Anderson) et prirent alors une avance de 7 points au classement. Avance qui ne sera pas rattrapée par le club de la Capitale au soir de la 38ème journée et qui verra l’ASM obtenir le titre national avec un total de 79 points en 38 journées de D1, le PSG finissant second à 12 points du club princier. Le titre est fêté à Louis II lors de la 36ème journée de D1 entre l’ASM et le Stade Malherbe de Caen (2-2). L’ASM finit également meilleure attaque (69 buts marqués) et meilleure défense de D1 (30 buts encaissés ex aequo avec le FC Metz).

A noter la grosse désillusion en Coupe de France pour le club monégasque lors de cette saison pourtant aboutie, avec une élimination dès les 32èmes de finale face au Stade Lavallois (L2) un but à zéro.

Coupe UEFA : aux portes de la finale

En commençant l’épreuve européenne face au modeste club polonais du Hutnik Cracovie défait 4-1 sur les deux rencontres, les joueurs de la Principauté n’auraient pas imaginé aller aussi loin dans une compétition tout de même relevée avec la présence de l’Inter Milan, Lazio de Rome, AS Roma, Parme FC, Feyenoord Rotterdam, Bayern Munich, Valence CF, RC Lens, Schalke 04, Anderlecht, Newcastle entre autres… Dès les 16èmes de finale, l’ASM affronte le club allemand du Borussia Mönchengladbach. Au terme d’un match aller sérieux et appliqué (victoire 4-2) en Allemagne, les Monégasques s’assurent la qualification pour les 8èmes. Et c’est un autre club allemand qui se met sur la route des homme de J.Tigana, le Hambourg SV. Sans fléchir, les Monégasques infligèrent une déculottée aux joueurs allemands avec un cinglant 5-0 sur les deux matchs. En quarts de finale, l’ASM affronte le club anglais de Newcastle entraîné par le mythique K.Keagan. Avec A.Shearer, joueur le plus cher de l’histoire à l’intersaison 1996, le riche club anglais fait alors figure de favori. Mais là encore, les Monégasques font preuve de réalisme et de talent en s’imposant sur le score net et sans bavure de 4-0 sur les deux matchs (Aller 1-0 sur une action magnifique de T.Henry conclue par S.Anderson, retour 3-0 à Monaco avec un tir splendide de S.Legwinski et un doublé de A.Benarbia). En demie finale, le club du Rocher affronte alors l’Inter de Milan de Ruben Sosa, P.Ince, Y.Djorkaeff, Zamorano, Ganz. Au match aller à San Siro, les Italiens dominent une équipe monégasque sous pression amputée de F.Dumas suspendu et qui se fait surprendre à deux reprises par l’attaquant italien M.Ganz (11è et 32ème , 2-0) puis par Zamorano (43è, 3-0). V.Ikpeba, remplaçant au coup d’envoi, réduit la marque en seconde mi-temps (72è, 1-3) donnant un peu d’espoir au club du Rocher pour le match retour. L’exploit est en effet encore possible à Louis II le 22 avril 1997 avec le retour prévu d’E.Scifo, les absences confirmées de G.Grimandi et A.Benarbia, ainsi que les incertitudes liées aux retours de blessures de Martin Djetou et Sonny Anderson. Malgré un but de V.Ikpeba, but synonyme de victoire (1-0), le score n’évolua plus et l’Inter Milan se qualifia pour la finale remportée par le club allemand de Schalke 04 (1-1, 4 TAB à 1). Cet échec fut difficile à digérer pour les hommes de J.Tigana aux portes d’une seconde finale de Coupe d’Europe en moins de 5 ans (1ère finale de Coupe des Coupes en 1992 face au W.Brême) surtout que le titre de Champion de France était déjà quasi assuré.

 

Les joueurs de la saison :

Sonny Anderson : déjà meilleur buteur de D1 lors de la saison précédente, le Brésilien brille la saison suivante sur le front de l’attaque de l’ASM en championnat et en Coupe d’Europe. Arrivé lors de la dernière saison de l’ère Wenger (1994), l’attaquant n’a cessé de monter en puissance et de réaliser l’une de ses meilleures saisons sous le maillot Rouge et Blanc même si le Brésilien ne finit que 4ème meilleur buteur (19 buts) ex aequo en D1 avec A.Caveglia (OL) après avoir été le meilleur buteur la saison précédente. Le Brésilien a également scoré à 4 reprises lors de la campagne européenne en UEFA. Une valeur sûre de l’effectif qui a beaucoup manqué lors du match aller en demie finale face à l’Inter Milan.

Thierry Henry : A 19 ans, le jeune attaquant formé sur le Rocher se révèle pleinement lors de cette saison de sacre. Il devient régulièrement titulaire en D1 et en Coupe d’Europe, et arrive à marquer neuf buts en championnat (huit passes décisives également). Associé à Anderson et à Ikpeba, “Titi” disputa 36 matchs sous les ordres de Tigana, faisant de lui l’un des joueurs les plus utilisés de l’effectif monégasque (avec F.Dumas, F.Barthez et S.Legwinski). Une prouesse incroyable pour un jeune joueur qui fit même de l’ombre à V.Ikpeba en fin de saison. L’attaquant français lancera véritablement sa carrière de joueur professionnel à l’issue de cette saison aboutie.

Ali Benarbia : le milieu de terrain algérien a certainement disputé l’une de ses meilleures saisons sous le maillot à diagonale Rouge et Blanche à l’occasion de la saison 96-97. Arrivé un an auparavant du FC Martigues, le joueur franchit un palier l’année suivante sous les ordres de Tigana, profitant aussi des blessures récurrentes du métronome belge Enzo Scifo. Le milieu de terrain éclabousse la D1 française de ses passes distillées et ses buts remarquables également en Coupe UEFA (doublé en quarts de finale face à Newcastle). Élu meilleur joueur (Etoile d’Or) du Championnat de France par le journal France Football en mai 1997, A.Benarbia aura disputé 35 matchs lors de cette saison en D1, faisant de lui un homme de base de l’équipe dirigée par J.Tigana.

On aurait pu aussi citer les très bonnes performances de S.Legwinski, autre homme de base du groupe de J.Tigana, auteur de 10 buts (dont 9 en  championnat) alors qu’il évoluait en milieu défensif en duo avec J.Collins, l’Écossais. Certainement l’une de ses meilleures saisons à l’ASM pour le joueur auteur d’un but splendide face à Newcastle (Quart retour UEFA) qui a été ensuite entraîneur à l’Academy de l’ASM.

On aurait pu aussi rappeler les performances de Victor Ikpeba. L’attaquant nigérian a vécu une saison intéressante mais qui s’est quelque peu compliquée au fil de la saison.Titulaire sur le front de l’attaque en duo avec S.Anderson et T.Henry, l’attaquant a cependant subi la concurrence accrue du jeune français au fil de la saison.Auteur de treize buts en D1 (13è rang au classement final des buteurs) et de 7 en Coupe UEFA, Ikpeba a connu un “coup de mou” dans le dernier tiers de la saison et a même perdu sa place de titulaire en championnat et lors de la demie finale aller de la Coupe UEFA face à l’Inter. A ce jour, il reste le cinquième meilleur buteur de l’histoire de l’ASM et le meilleur buteur du club princier en compétitions européennes (14 buts) devant Marco Simone et George Weah (12 buts).

Equipe-type AS Monaco saison 1996-1997 : F.Barthez, P.Blondeau, M.Djetou, F.Dumas, E.Petit, S.Legwinski,J.Collins, A.Benarbia, Sonny Anderson, V.Ikpeba,T.Henry.