Épopée 89-90 : une nouvelle dimension

Épopée 89-90 : une nouvelle dimension

23 avril 2020 10 Par Marc S

L’AS Monaco est un club qui a une histoire riche au niveau national. Le Club de la Principauté prend une nouvelle dimension européenne, grâce à une grande épopée en Coupe des Vainqueurs de Coupes, lors de la saison 1989-1990, sous la houlette d’un certain Arsène Wenger. Retour sur ces grands moments avec quelques commentaires de Luc Sonor et Patrice Blondeau, recueillis par nos confrères de Nice Matin.

Un contexte positif

Alors que l’AS Monaco est engagée en Coupe d’Europe des vainqueurs de Coupes durant l’exercice 1989-1990, compétition qui a désormais disparue, les espoirs de marquer l’Histoire apparaissent. Arsène Wenger est alors encore entraîneur, lui qui est arrivé à partir de la saison 1987-1988, et qui a remporté le championnat pour sa première saison.
L’équipe du Rocher a alors fière allure, avec Jean-Luc Ettori dans les cages, Luc Sonor et Patrick Blondeau en arrière-garde, Claude Puel au milieu et George Weah associé à Ramón Díaz. On compte également le jeune Emmanuel Petit en solution de remplacement.

Des seizièmes survolés

Les seizièmes de finale se déroulent contre le club portugais de Belenenses, basé à Lisbonne. Au match aller, devant 6 200 spectateurs, à l’Estádio Nacional do Jamor, la bande à l’Alsacien encaissent un premier but à la 55ème minute, mais c’est sans compter sur Ramón Díaz, qui arrache le nul à la 70ème minute.
Au retour, les Asémistes mettent fin au suspense, en l’emportant 3-0 à la maison, grâce à un doublé de Weah et le point final porté par le milieu Fabrice Mège. Blondeau, pour qui c’était le premier match européen raconte : « Pendant tout le match le commentateur m’appelle Patrick Valéry ».

Des huitièmes sur fond de guerre froide

En huitièmes de finales, les joueurs cette fois affrontent le Dynamo Berlin, le 17 Octobre 1989, au Louis II. Mais le match finira par un triste score vierge, malgré le remplacement peu après la mi-temps des deux attaquants Weah et Díaz par Hateley et Touré.
Le match retour commence de la même manière que le précédent, mais avec une atmosphère particulière, comme le raconte Luc Sonor : « il faut se rendre compte de Berlin en Novembre 1989, on avait l’impression d’être en temps de guerre ». Weah ne joue pas et à la fin du temps réglementaire, le tableau d’affichage indique toujours 0-0.
Alors que les prolongations débutent, Küttner ouvre le score pour les Allemands à la 110ème minute. Les Monégasques essaient alors d’égaliser par tous les moyens, et c’est Díaz encore qui sauve ses coéquipiers en égalisant à la 117ème minute, qualifiant ainsi ses coéquipiers grâce au but à l’extérieur. Son but a eu l’effet d’une bombe, et certains médias avaient titré « il avait cassé le mur », raconte encore Sonor.

Un quart de finale à l’arrachée

En quart de finale aller, Monaco affronte le Real Valladolid, en Espagne, et Wenger aligne d’entrée George Weah et Emmanuel Petit. Toutefois le match se termine sur un match nul 0-0, malgré l’entrée de José Touré.
Au retour, le match se termine au Louis II sur un autre score vierge, et au terme des prolongations, il faudra subir la terrible épreuve des tirs au but. Les Asémistes s’en sortent néanmoins malgré un raté de Touré, avec des transformations de Díaz, Fofana et Petit, mais en comptant sur 3 échecs des Espagnols.

Une demi-finale pleine de regrets

Le match aller de la demi-finale se déroule au Louis II devant 23 000 spectateurs, et contre la grande Sampdoria de Gênes. Les Monégasques sont impressionnés, comme le raconte Patrice Blondeau, qui jouait avec son frère à des figurines qui portaient le nom des adversaires tels que Mancini ou encore Vialli, et il ajoute : « c’était surréaliste comme sensation ».
Weah ouvre le score juste avant la mi-temps à la 44 ème minute, puis Vialli marque à la 74ème minute avant de permettre à son équipe de mener à la 77ème minute. C’est Díaz qui égalisera finalement à la 81ème minute, et sauvera les siens d’une défaite. « C’était un nul immérité chez nous », précise Sonor.
Au match retour, l’AS Monaco avait la possibilité de rentrer dans l’Histoire, en se rendant au Stade Luigi-Ferraris. Wenger alignait d’entrée Weah, Petit, Blondeau et Sonor. Toutefois le match commence de manière catastrophique avec un but de Vierchowod à la 9ème minute et un but de Lombardo 3 minutes plus tard. Le score restera à ce stade et même Weah ne fera pas la différence contre un Pagliuca toujours impeccable.

Les causes de l’échec

Pour expliquer cet échec plusieurs facteurs sont rentrés en compte. D’abord, l’ambiance particulière du stade, jugée « hostile », par Sonor, notamment « envers les noirs de l’ASM ». Une autre cause avancée est le fait que c’était quasiment un derby, car Gênes est à deux pas de Monaco et cela peut entrainer une certaine déconcentration. Blondeau précise : « D’habitude en Coupe d’Europe tu est dépaysé, tu voyages, là on a joué un match à deux pas de Monaco », et Sonor renchérit : « c’est une ville proche de Monaco, on se sentait presque rassuré d’aller jouer là-bas ». Ce dernier conclut : « On rate complètement notre entame alors qu’on était meilleurs qu’eux, on se croyait sans doute déjà arrivés ».

Même si le club n’a pas atteint la dernière marche de la compétition, les Monégasques ont prouvé lors de cette première épopée qu’ils avaient leur place parmi les grandes équipes d’Europe, ce qui a permis de donner une nouvelle dimension au club.

Photo : Icon Sport et Source : transfermarkt / Nice Matin