Vadim Vasilyev : « La cicatrice sera toujours là »

Vadim Vasilyev : « La cicatrice sera toujours là »

27 mai 2019 35 Par Ophély M

Vadim Vasilyev s’est confié dans une longue interview au journal L’Équipe. L’ancien dirigeant monégasque a notamment évoqué son départ du club princier, son bilan après six ans en Principauté et son avenir.

Son départ 

Parti un 14 février après 6 saisons en principauté , Vadim Vasilyev est revenu sur son départ pour le quotidien sportif : « Dans son communiqué, le président Rybolovlev a clairement dit que les résultats étaient décevants. Il voulait changer quelque chose. Cela été dur pour moi un vrai choc. La cicatrice sera toujours là. Mais, il voulait reconstruire ce club autour d’une nouvelle équipe et il a fait un choix fort. C’est le droit d’un patron. C’est son club, son argent et je comprends. Il a fait le choix fort de rappeler Leonardo Jardim, qui est d’ailleurs pour moi un très grand entraîneur. Le président est toujours passionné et ambitieux pour l’ASM, je lui souhaite le meilleur pour cette aventure ». Parti un peu à la surprise générale, le dirigeant lui n’a pas été étonné : « À partir de janvier j’ai vu que le président était plus que mécontent de la situation et cela pouvait se comprendre. Mais non, je n’ai pas vu venir le coup, même si quelque jours avant l’annonce de mon départ là oui je savais. J’ai toujours su qu’un jour on raterait une saison mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle soit aussi catastrophique. C’est la preuve que tout peut basculer très vite dans le football. Regardez Lille, 17ème la saison dernière et second cette année. »

Principal responsable du licenciement de Jardim selon les médias, cette séparation serait la principale raison du départ du Russe : « Cela coûte ma place. Il (Rybolovlev ndlr)  l’a dit clairement. Mais à ce moment-là on savait très bien pourquoi on prenait cette décision. Cette décision était la mienne mais elle a été validée, évidemment. Il fallait faire quelque chose. Si c’était à refaire, je ferais pareil et je proposerais la même chose au président. ». Proche du palais et du Prince Albert au contraire de Rybolovlev, cette proximité avec son altesse a aussi été évoqué : « On ne m’a jamais reproché une proximité avec SAS Albert II. Et puis je pense que cela faisait partie de mes responsabilités d’avoir des bonnes relations avec le palais. L’AS Monaco n’est pas un club privé, c’est un club princier et le palais est actionnaire du club. C’est normal que j’entretienne des bonnes relations avec un actionnaire. »

Henry / Jardim 

Responsable du départ de Leonardo Jardim, Vasilyev n’a toutefois pour lui pas fait d’erreur : « J’ai pris cette décision et le président était d’accord. Jardim lui-même ne m’en a jamais voulu, la preuve, on est resté amis. Mais je comprends la réaction du président. C’est moi qui était à l’initiative de cette décision ». Jardim parti, les dirigeants monégasques lancent Henry dans le grand bain de la Ligue 1, pour le Russe c’était une idée dangereuse : « C’était une idée risquée et on le savait. S’il avait réussi cela aurait été un truc incroyable et une magnifique histoire. On ne peut pas juger Henry sur le peu de temps qu’il a passé à Monaco. Il a dû faire face à un concours de circonstances très défavorable. A ce moment-là, on était l’équipe qui avait le plus de joueurs blessés dans toute l’Europe. Il n’avait pas le choix pour faire son équipe. Il a dû envoyer des jeunes de l’Academy jouer leurs premiers matchs. Et puis vous avez vu même avec tous les changements, Monaco a été en difficulté jusqu’à la fin et s’est sauvé à la dernière journée. Thierry a tout ce qu’il faut pour devenir un top entraîneur. Ce n’était pas une erreur de le prendre, c’était un choix que j’assume et qui avait été validé par le président. On avait tout analysé les pour et les contres. C’était un enfant du club, une légende du football : on pensait qu’il pouvait dynamiser le groupe. » Pour lui, en revanche, Henry aurait du continuer : « J’aurais aimé lui donner plus de temps, qu’il récupère les blessés et qu’il fasse au moins la demi-finale de Coupe de la Ligue à Guingamp. Il aurait peut-être pu gagner un ticket pour la Ligue Europa. Le président a fait son choix. »

Son parcours à Monaco

Arrivé en 2013 sur le Rocher, l’ancien trader de chez Fedcom est fier de son bilan chez les Rouges et Blancs : « Je suis fier de mon bilan. On a brillé sportivement et sur le marché des transferts. On a résolu le conflit avec la Ligue pour le siège social. J’ai été élu au conseil d’administration de la Ligue. J’ai été nommé à la commission des compétitions à l’UEFA. Il y a eu le titre, les parcours en Ligue des Champions, le relationnel avec les joueurs. Cela m’a fait plaisir de voir Bakayoko, Mbappé, Bernardo Silva ou Mendy me rendre hommage sur les réseaux sociaux quand je suis parti. Fier d’avoir pu concilier réussite sportive et financière aussi. Avec le président, on a toujours été conscients que le modèle économique basé sur la vente des joueurs était risqué. Mais on savait qu’il était le seul possible pour l’AS Monaco et c’est le modèle de nombreux clubs aujourd’hui. Mais ma plus grande fierté c’est quand des supporters monégasques, mais aussi parisiens, lyonnais ou stéphanois,, m’arrêtent dans la rue et me disent : « Merci pour ce que vous avez fait pour le football français ». C’est la plus grande récompense de mon travail. » 

En six ans, Vadim Vasilyev a tout connu, un titre, des finales en Coupe, de bons parcours en Ligue des Champions, le meilleur dirigeant européen 2017 est revenu sur ses meilleurs mais aussi ses pires souvenirs monégasques : « Tout en haut, il y a la victoire à Arsenal c’était notre premier gros coup avec Monaco en Europe. Tout en bas il y a la défaite à Lyon, j’étais assis à côté du Prince et du président, je me sentais si mal ce soir-là. Le transfert le plus dur a été celui de Mbappé . Le PSG savait très bien que Kylian ne voulait pas aller au Real mais seulement à Paris. Cela obligeait Monaco et Paris à trouver un accord. Le transfert le plus amusant c’est celui de Kondogbia à l’Inter. Un jour je me suis retrouvé dans un restaurant de Monaco avec les dirigeants des deux clubs intéressés par le joueur, L’Inter et le Milan AC. Je dînais avec l’un d’entre eux et l’autre était à une autre table. Finalement, c’est dans le restaurant que j’ai lancé les enchères. Et c’est l’Inter qui a remporté la bataille. »

Son avenir

Limogé en février, Vasilyev est désormais très discret, le Russe se pose beaucoup de questions et réfléchi à son avenir : « Je veux rester dans le foot. J’ai exercé pas mal de métiers mais c’est de loin le plus passionnant et le plus excitant. Je réfléchis, je ne veux rien précipiter. Les pistes sont différentes, il ne faut pas se tromper. Je sais pas si je préfère être actionnaire ou responsable. Cela dépend de tellement de choses. On est mieux quand on est chez soi, on maîtrise mieux la situation non ? J’ai déjà pesé le pour et le contre mais investir dans un club c’est risqué aussi. Je suis ouvert à tout. Je peux aussi repartir dans un club avec des responsabilités, ça dépend du club et de l’actionnaire. J’ai reçu plusieurs propositions mais je n’ai pas donné suite. Les bonnes opportunités sont rares. »

Toujours résident monégasque, l’ancien vice président n’exclu pas un retour vers le Louis II : « Je suis toujours résident à Monaco. J’adore ce pays, je suis bien intégré ici et j’ai toujours eu le soutien du Prince Albert. On ne sait jamais. Il faudrait lui (Rybolovlev) poser la question. J’avais déjà travaillé pour lui avant et il m’a rappelé pour venir à l’ASM. Tout est possible dans la vie. Je ne crois pas qu’il soit fâché personnellement. Il est fâché pour les résultats et les erreurs commises, mais un jour on retournera dîner ensemble, j’en suis sûr. Les émotions vont s’évacuer. »

Source : L’Équipe / Photo : asmonaco.com