Interview : Entretien avec Louis Ducruet

Interview : Entretien avec Louis Ducruet

10 février 2024 1 Par Christopher T

Quinze jours après le match caritatif en faveur de la Fight Aids Monaco Louis Ducruet m’a accordé, le temps d’une visio, un entretien exclusif autour de l’association dont il est président et ses engagements sur comme en dehors des terrains.

– Pour commencer, comment allez-vous ? Que devenez-vous?

Je vais très bien, merci (sourire), un peu fatigué par mon nouveau rôle de jeune papa (sa fille est venue au monde en avril 2023) mais heureux de découvrir cette nouvelle vie.

Depuis la fin de mon aventure à Nottingham en 2022, je reste dans le domaine du sport et plus particulièrement du football dans le cadre de mon activité de consulting sportif, dont je suis co-gérant. Je travaille actuellement sur des projets de restructuration de club sportif d’une manière générale, en ce moment sur des clubs féminins, ces données sont confidentielles mais concernent des clubs hors Europe.

Je suis à l’écoute des opportunités qui me sont proposées, j’en ai refusé depuis mon retour à Monaco, car elles n’étaient pas en adéquation avec ma nouvelle vie familiale. J’essaye de trouver le juste équilibre professionnel et personnel pour partir sur un nouveau challenge dans un club sportif.

– Pour ceux qui ne connaissent pas Fight Aids Monaco, expliquez nous ce qu’est cette association qui fête ses 20 ans cette année ? 

Ma mère a créé la Fight Aids Monaco, car elle a été touchée par des amis atteints de cette maladie. Beaucoup d’associations de lutte et de recherche existent déjà de par le monde, ma mère a voulu avec cette association créer un endroit où les personnes atteintes puissent trouver du réconfort, se restructurer, continuer à avancer. Le Sida a fait son apparition dans les années 80, donc c’est un long combat et grâce à son association ma mère a été reconnue comme ambassadrice auprès de l’ONU dans sa lutte contre le Sida. A cette occasion, elle a pu côtoyer des personnalités comme Nelson Mandela. Son but est de permettre aux gens de réapprendre à vivre et trouver un espace de relaxation pour pouvoir se retrouver.

Comment est née cette association sous l’impulsion de votre mère S.A.S la Princesse Stéphanie ? 

L’association a été créée en 2004 par ma mère, j’ai grandi avec cette association, et une fois mes études terminées et les compétences acquises qui m’ont permises de pouvoir pleinement intégrer ce projet, j’ai souhaité apporter ma pierre à l’édifice et m’investir pour cette cause.

– En amoureux du football, vous avez organisé une rencontre sportive, pour collecter des fonds, baptisée la Fight Aids Cup. Comment est né cet événement?

Nous avons organisé la 1ère édition en 2020, historiquement depuis que le Festival International du Cirque existe, le lundi était le jour de repos des artistes durant cette période de représentation et c’était le moment de détente. Ils mettaient à profit cette journée pour organiser une rencontre sportive amicale entre les gens du cirque et d’autres personnalités monégasques. J’ai ainsi eu la chance, à défaut de pouvoir être professionnel (rire), de jouer avec d’anciens joueurs pro.

Au fil des années, alors qu’on évoluait dans le stade du Cap d’Ail dans l’anonymat, nous avons souhaité renforcer les équipes par d’anciens pro afin de promouvoir cet événement qui prend de l’ampleur d’années en années. Ainsi et grâce au travail de tous les bénévoles de l’association nous avons, depuis 4 ans maintenant, la chance de pouvoir disputer cette rencontre dans le stade Louis II. C’est une fierté et une marque de confiance de la Principauté.

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’organisation, la recherche de nouveaux joueurs, et surtout comment réussir la prouesse de réunir autant de grands noms du football à Monaco ? 

Nous avons la chance d’être avec une équipe hyper soudée et qui s’investit énormément dans cette démarche. On arrive à avoir tous ces grands noms grâce aux réseaux que chacun a pu se créer et, au fil des années, le bouche à oreille opère.

De grands noms de l’AS Monaco nous ont rejoint de part leur attache et amour pour la Principauté et la famille Princière. Nous avons réussi à créer un ambiance conviviale et familiale autour de ce moment dans lequel les joueurs se sentent bien et aiment à se retrouver à Monaco.

En fonction des années, il y a même des joueurs qui nous appellent déçus de ne pas participer, mais qui comprennent la démarche d’avoir de nouveaux joueurs pour renouveler et faire venir les spectateurs et sponsors.

Dans l’équipe de mon oncle (S.A.S le Prince Albert II) celle des Barbaguians, d’anciens comme Giuly, Squillaci, Puel et autres ne ratent jamais une occasion de venir. Cette année D. Deschamps n’a pas pu être là, mais il rate rarement cette occasion de revenir à Monaco pour soutenir la cause.

Pour celle du Cirque, on a la chance d’avoir Sébastien Frey (ancien joueur pro qui a notamment évolué à l’AS Cannes, l’Inter de Milan et la Fiorentina) qui grâce à son réseau étoffe d’année en année l’effectif du Cirque en la professionnalisant. Cette année on a pu compter sur C. Seedorf (ancien international hollandais) notamment, ce qui motive d’autres joueurs à nous rejoindre.

– Quel bilan tirez-vous cette 4ème édition ? 

Le bilan est positif, année après année nous augmentons nos statistiques sur différents points. Cette année par exemple, nous avons reçu un record de dons (dont le montant sera prochainement communiqué), nous avons également de nouveaux sponsors qui nous ont rejoint.

Cet événement est la fierté des bénévoles qui organisent et ne cessent de faire grandir cette journée dédiée à récolter des dons pour la Fight Aids Monaco.

Nous avons la chance d’avoir un mécène qui finance l’intégralité de l’organisation, ce qui nous permet d’avoir l’intégralité des fonds collectés reversés pour l’association. Et également l’AS Monaco qui nous prête le stade Louis-II et s’occupe de l’agencement dans le stade.

Côté terrain, nous avons perdu le trophée (défaite 3-2), face à une belle équipe du Cirque FC, et nous allons tout faire pour le reprendre lors de la prochaine édition

– Des indiscrétions en exclusivité pour la prochaine ?

(Rire) Déjà ça sera la 5ème année, donc un cap, ça sera une soirée anniversaire. Cette année nous avions un maillot collector pour le centenaire du Prince bâtisseur, et je pense que nous arborerons également un maillot pour ces 5 années passées. Après nous sommes toujours en recherche de nouveaux joueurs, nous avons pris des contacts auprès de Falcao qui pourrait nous rejoindre quand il prendra sa retraite, mais aussi Wissam Ben Yedder qui nous a d’ores et déjà donné son accord quand il raccrochera les crampons.

Nous sommes ambitieux, on espère pouvoir obtenir de K. Mbappé (qui contractuellement ne peut pas jouer) sa présence à l’événement et pourquoi pas qu’il puisse parrainer une édition.

A part, N. Dirar qui nous a rejoint cette année (il évolue au Luxembourg) et donc a été autorisé à disputer ce match, les autres joueurs sous contrat, du fait des assurances, ne peuvent pas disputer cette rencontre.

– Vous présidez également l’association des Barbaguians, fondé en 1980 par votre oncle S.A.S le Prince Albert II en quoi consiste t-elle ? 

L’association les Barbaguians était à l’origine dénommé Munegu Autu. Mon oncle organisait des rencontres sportives amicales avec des locaux et des amis. Avec le temps, l’association a été composée d’ancien pro. En 2000 du fait de ses rapprochements avec des joueurs issus du monde professionnel, et d’une visibilité croissante, le groupe décide de profiter de cette notoriété pour participer à des manifestations sportives ailleurs qu’en Principauté. En 2020, avec l’autorisation de mon oncle, nous avons crée la Fight Aids Cup.

Le quotidien de notre association est de participer à différentes manifestations, pas uniquement autour du foot, pour collecter des fonds et faire découvrir les Barbaguians. En Novembre dernier, à Genève, nous avons participer à un évènement Passion Football (salon), à Montpellier nous avons fait une rencontre contre les joueurs champions de France 2012 (victoire 5-3) au profit d’une association camerounaise.

Nous varions les sports également et récemment nous avons participer à une rencontre de Padel. L’objectif étant de promouvoir et donner de la visibilité aux Barbaguians dans toutes les manifestations sportives.

Nous avons également en préparation la sortie d’un livre retraçant l’histoire de cette association dont tous les profits seront évidemment reversés à Fight Aids.

– Il ya un lien fort qui uni cet événement à celui du Cirque FC (50ans cette année) qui se tient en parallèle du Festival International du Cirque de Monte Carlo. Pouvez-vous nous en dire plus?

Comme j’ai pu l’évoquer précédemment, le Festival du Cirque est une compétition, le vendredi, samedi et dimanche les représentations et le lundi est le jour de filage et de préparation du spectacle des vainqueurs. C’était donc l’occasion de se retrouver et proposer autres choses aux artistes. Ma mère et mon oncle sont maintenant plus en retrait, mais suivent toujours avec grand intérêt cette rencontre. Mon oncle a toujours son droit de regard et c’est lui qui valide les nouveaux venus au sein des équipes et même la présence des sponsors autour de l’événement.

– Diriez-vous que le sport en général et plus particulièrement le foot est toute votre vie ? Et même une histoire de famille.

Depuis que je suis petit j’ai évolué dans cet environnement et c’est ma passion depuis mon plus jeune âge. J’ai obtenu un Master aux États-Unis de Sport Manager, à mon retour à Monaco en 2015, j’avais ainsi tout ce dont j’avais besoin pour vivre de ma passion entre le foot et le business. C’est grâce à cela et mon expérience réussie au sein de l’AS Monaco avec notamment le titre de champion en 2017 et le fabuleux parcours en Ligue des Champions, que j’ai pu découvrir un autre championnat et un nouvel horizon en 2020 à Nottingham.

On est passé d’une possible relégation à la montée en Première League en 2 ans donc un parcours et une expérience incroyables.

J’ai pu vivre 7 années intenses et depuis mon retour d’Angleterre je cherche le bon équilibre avec ma nouvelle vie de famille et mes engagements professionnels.

– Toujours dans le sport, mais sur un autre terrain, vous présidez la MESF ? Pouvez-vous nous expliquer votre rôle et l’objectif de l’association ? 

Depuis 2020, c’est vrai, quelle année (rire) riche en émotion !

Le projet de cette association est de faire connaître et promouvoir le e-sport à Monaco d’abord. Le démocratiser, le faire accepter auprès des instances monégasques pour le développer et attirer de nouvelles teams.

On a maintenant 3 clubs au sein de Monaco ESport Fédération, une équipe de Sim Racing, une de e-sport et une équipe sur Fortnite.

En 2022, Monaco a accueilli la première édition de Sim Racing en collaboration avec l’IESF (International ESport Fédération). Évidemment, l’AS Monaco a également son équipe de football. C’est un challenge que de faire grandir le monde du gaming au sein de la Principauté.

– Avec toutes ces responsabilités, comment s’organise une journée type ? 

Et bien, c’est très cyclique, beaucoup de réunions de travail avec les bénévoles, car je le répète mais ici les personnes ne sont pas rémunérées et s’investissent énormément pour faire vivre et grandir nos projets. A titre d’exemple pour l’organisation de la Fight Aids Cup c’est un travail intense de décembre à janvier pour coordonner, démarcher l’ensemble des partenaires, prestataires. Je passe énormément de temps en réunion, au téléphone…

Chaque évènement nécessite une grosse préparation donc le reste du temps “libre”, quand c’est plus calme, j’en profite pour passer du temps avec ma famille surtout pour profiter de ces nouveaux moments avec ma fille.

– Pour finir cet entretien, accepteriez-vous de dire quelques mots sur la disparition de la légende de l’AS Monaco, Jean Petit?

(Beaucoup d’émotion au moment d’évoquer J. Petit) . Jeannot, c’est quelqu’un de très important pour moi, c’est un proche, un confident. Jeannot c’est Monaco, il a un lien avec la Principauté, la famille Princière, un lien affectif fort. Il a toujours été du côté de ma mère, elle savait que quand elle avait besoin il répondait présent.

Avec moi il a toujours été prévenant, à l’écoute et rassurant, dans les moments de doute il a toujours su avoir les bons mots.

Il a été un modèle et quelqu’un de très important dans le football à Monaco. Il était là dans les débuts des Munegu Autu et Barbaguians plus récemment. Quand les matchs se jouaient dans un petit stade au Cap d’Ail il était là et l’aura été jusqu’au bout puisqu’il était sur le banc lors du match de la Fight Aids Cup. Il était toujours heureux d’être là et souriant, il a pu passer cette dernière soirée entouré de gens qu’il aimait et qui l’aimaient. Cela a été difficile au lendemain de la rencontre, d’apprendre la nouvelle, ça a été très dur pour nous tous.

Je remercie chaleureusement Mr Ducruet pour m’avoir accordé de son temps et sa gentillesse. Tous nos vœux de réussite dans la suite de sa carrière.

Source : crédit photo Frédéric Nebinger / Palais Princier