Arsène Wenger : Le visionnaire

Arsène Wenger : Le visionnaire

22 octobre 2023 1 Par Romain P

Il fait partie de ces entraineurs qui auront marqué l’histoire de l’ AS Monaco. Recruté par le génialissime président Campora alors qu’il n’est encore qu’un inconnu, l’Arsène aura passé 7 saisons sur le rocher. Retour sur une belle histoire.

Ils sont “seulement” 21 personnalités à avoir marquer la Ligue 1 en la remportant en tant que joueur puis entraîneur. Parmi ces 21 grands noms du ballon rond, 4 ont entraîné l’AS Monaco. Débutons par Arsène Wenger.

“Arsène Wenger, c’est avant toute chose quelqu’un qui aime profondément les gens, à la moindre rencontre il va s’imprégner des histoires de chacun, c’est pour cela que tous ses joueurs l’ont adoré car il a réussi à connecter avec tous sur l’humain et sur la personne”

Ces propos ne proviennent pas d’un journaliste ou d’un ancien joueur mais de Damien Comolli actuel président du Toulouse Football Club, intime d’Arsène Wenger, l’une des personnes qui le connait certainement le mieux.

Rien ne prédestinait ce pur strasbourgeois au football et encore moins au football professionnel, c’est dans l’arrière-boutique et dans la salle du bistrot familial que le petit Arsène découvre à travers les discussions des dirigeants du club local le football. Rapidement cela devient une passion, après avoir fait ses gammes avec le club local, une personne va changer sa vie Max Hild, qui le fera venir successivement à Mutzig, Mulhouse et enfin à Strasbourg. Après une carrière plus que modeste comme joueur, il passe ses diplômes d’entraineurs toujours sur les conseils de son mentor, c’est d’ailleurs à ses cotés qu’il vit sa première expérience en tant qu’adjoint avec le centre de formation.

Après un bref passage à l’AS Cannes, c’est l’AS Nancy lorraine qui lui offre son 1er poste, il y restera 3 ans, avant de prendre en main une autre Association Sportive … celle de Monaco en 1987.

Le président Campora cherche un remplaçant au Roumain Kovac et souhaite donner un nouvel élan à son club surtout au niveau européen.

En confiant les reines de l’équipe à un jeune entraineur inexpérimenté, il sait qu’il prend un risque (cela ne l’empêchera pas de récidiver avec Tigana, Puel et Deschamp) mais il lui fait confiance, pour preuve il ira chercher un des plus merveilleux joueur passé sur le rocher … le génie … Glen Hoddle, son compatriote le buteur Marc Hateley mais aussi Battiston, Vogel et Fabrice Mège, chipé au voisin niçois. Ajoutez à cela Amoros, Dib, Ettori, ou Sonor et vous aurez un groupe capable de bien figurer.

Et la mayonnaise prend. Les rouges et blancs sont sacrés champions de France, pour un coup d’essai c’est un coup de maître et le début de la réussite pour Wenger.

Toujours Comolli :

“Arsène c’est un visionnaire : de ce que le foot allait devenir ou sera le joueur dans 20 ans, visionnaire du métier d’entraineur, visionnaire en terme de culture qu’un club doit avoir, un visionnaire prêt a se sacrifier pour faire grandir les clubs qu’il a aimé (Monaco & Arsenal).”

Lors de la saison 1988-1989, l’équipe est décimée par les blessures et les suspensions mais accède à la 3e place du classement et à la finale de la Coupe de France où elle s’incline face à l’Olympique de Marseille, c’est le début de la rivalité avec le club phocéen, mais aussi le début des doutes, des suspicions sur certaines méthodes tapiesque qui laissent encore aujourd’hui un goût bien amer aux supporters rouges et blancs.

Les saisons qui suivent seront dans la continuité des deux premières, les premiers rôles dans l’Hexagone, une présence remarquée sur le front européen (demi-finale de l’UEFA en 91) et une Coupe de France jamais délaissée.

La saison 1991-1992, sera une des plus complètes du club. En effet, celle-ci est engagée sur tous les tableaux possibles avant que tout ne se transforme en échec en mai. D’abord une défaite au Stade Louis-II contre Marseille (0-3) qui maintient Monaco à la seconde place derrière les vainqueurs du soir, puis l’écroulement d’une tribune à Bastia lors de la demi-finale de Coupe de France qui met fin à la finale pour laquelle l’ASM s’était qualifiée aux tirs au but à l’AS CANNES huit jours plus tôt. Et enfin, une défaite au Stade de la Luz à Lisbonne contre le Werder Brême (0-2) lors d’un match fermé en finale de Coupe des vainqueurs de coupes viendra clore la saison.

Les deux dernières saisons marqueront la fin de l’ère Wenger, ironie du sort c’est après une défaite à domicile face au voisin niçois que la porte lui est indiquée.

Il rebondira au Japon puis deviendra le Mentor d’Arsenal pendant des années.

” Ce que j’ai appris de lui c’est qu’il faut penser au club avant de penser à soi même ou sa carrière. La deuxième chose, c’est de créer une identité, une culture dans l’équipe avec comme première valeur le respect du collectif. Enfin c’est que dans un club que ce soit la star ou la personne qui a le job le moins gratifiant tout le monde doit être respecté de la même manière.”

Aujourd’hui directeur du football à la FIFA, on ne se rend pas compte de la chance qu’a eu l’AS Monaco d’avoir eu ce Monsieur.

Avec le président Campora et Henri Biancheri, ils ont porté l’AS Monaco vers les sommets en structurant le club, en faisant venir des stars mêlées aux jeunes et aux soldats amoureux de la diagonale (Ettori, Puel, Dib)

Avec Wenger c’était le beau jeu, les résultats, le charisme, la classe.

Beaucoup de supporters aimeraient revivre de tels moments….

Alors que l’ASM etait à la recherche d’un Directeur Sportif certains se sont demandaient pourquoi le poste ne lui revient pas.

Peut-être parce que le club et les temps ont changé ?

Le mot de la fin laissons-le à Damien Comolli:

J’ai retenu tellement de choses à ses cotés mais au final pas assez, nous sommes deux passionnés c’est ce qui nous a rapprochés au départ il m’a appris des grands principes que j’essaie d’appliquer au quotidien, respecter le jeu. Il dit tout le temps une grande équipe c’est une équipe intelligente. M Wenger c’est le science humaine, la science du football, la science du management. Après notre victoire en Coupe de France je suis allé le voir, il m’ a félicité car nous avions construit une équipe intelligente…venant de lui c’était le plus beau des compliments.”

Photo : Serge Phillipot – Icon Sport