Faut-il s’inquiéter ?

Dans une semaine l’ASM entame officiellement l’exercice 2022/2023. Après deux saisons chaotiques mais admirablement conclues, le board asémiste affiche, avec calme, de grandes ambitions. Derrière l’image de cohésion et de maîtrise, les supporters s’interrogent toutefois. Sommes-nous en meilleure position que l’an dernier à la même époque à l’aube d’une saison qui s’annonce très chargée ? Y’a-t-il des raisons de s’inquiéter ?

L’academy au rapport

Ceux qui suivent nos équipes de jeunes ont pu avoir le plaisir de découvrir le magnifique parcours de nos U19 nationaux et l’éclosion de talents impressionnants de technique et de maturité. Entre l’année dernière et aujourd’hui ce sont 12 joueurs issus de l’academy qui ont fait leur début en pro !

Certes, il paraît peu probable d’imaginer que ces 12 joueurs seront tous exploitables par P.Clement pour jouer la LDC cette saison et viser le podium en L1 mais le grand talent de certains (Akliouche, Efekele, Lemaréchal…) ainsi que leur intégration dans la phase de préparation laisse penser que l’ASM dispose de renforts effectifs prêts à éclore au plus haut niveau.

Plus de poids offensif

Les deux recrues notables de l’ASM (Minamino, Embolo) sont offensives. Le premier est un joueur de top niveau barré à Liverpool par Mané et Salah, ses premières touches dans le jeu en phase préparatoire montrent un grand potentiel de réussite. Le second est un travailleur exemplaire, excellent dans le registre d’un 9 et demi, une intelligence de mouvement utile au bloc dans toutes les phases de jeu.

Sans pouvoir prédire la réussite de nos recrues, on peut d’ores et déjà affirmer que P. Clement dispose enfin d’un vrai choix de composition offensive et d’un pouvoir réel dans la rotation. A cela s’ajoute le retour en forme de K.Diatta.

De la concurrence à chaque poste et surtout des entrants qui peuvent renverser une rencontre et pas, comme l’an dernier, n’être que des seuls préposés au pressing.

« Où est mon 6 ? »

C’était à prévoir, et depuis l’an dernier pour les plus perspicaces, Aurélien Tchouaméni allait nous quitter. Et Aurélien Tchouaméni est parti, moyennant un chèque qui donne le tournis. Une magnifique opération financière et un départ légitime qui récompensent son exceptionnel parcours avec les Rouge & Blanc.

Il apparaissait logique de croire que le club allait faire du recrutement d’un milieu défensif une priorité absolue. Or jeudi 28 juillet ; aucun milieu défensif ne s’est engagé avec l’ASM.

Il y a deux explications plausibles à cela.

Soit le board est activé en coulisses à recruter un voire deux milieux au poste et les discussions achoppent sur des questions d’intérêt (Leicester a refusé une offre de 15M pour Bakary Soumaré). Hypothèse rassurante dans la mesure où des renforts finiront par arriver mais problématique car l’ASM entame les qualifs de la LDC dans une semaine.

Soit le staff estime que les forces en présence sont suffisantes pour pallier au départ de Tchouaméni et qu’il n’est pas prioritaire de recruter au poste. Ainsi tant Matazo que Lucas afficheraient des performances satisfaisantes à convaincre que la relève est assurée. Hypothèse effrayante à en juger par la seconde mi-temps de notre milieu en amical contre Southampton littéralement broyé par l’ex 15^ème de P.Ligue et parfaitement incapable de conserver et ressortir le moindre ballon.

Matazo est encore une valeur incertaine, Jean Lucas, depuis son arrivée à l’ASM, une catastrophe intégrale et Fofana semble toujours avoir besoin d’un leader à ses côtés. Ce qui, en des termes plus profanes, signifie : « Un 6 et vite ! »

Le danger du « Non sauf… »

C’est un atout commercial majeur, dont l’ASM sait se servir comme personne. Le club n’est jamais vraiment vendeur de ses pépites car elles peuvent parfaitement rester une saison de plus, qu’elles sont exemplaires sur le plan professionnel, heureuses sur le rocher…. Sauf si une offre exceptionnelle était posée sur la table des dirigeants.

Une technique magistrale puisqu’elle fait systématiquement monter les enchères et a permis au club d’enregistrer des plus-values gargantuesques.

Mais une stratégie qui si elle remplit nos caisses (et c’est important) demeure risquée sur le plan sportif.

Cette situation est très exactement en train de se vivre avec B.Badiashile. Le joueur n’est, à l’origine, pas partant, enclin à poursuivre au moins pour une saison supplémentaire avec l’ASM. Le club qui n’est pas vendeur fixe un prix à 50 millions d’euros (soit 8 de plus que le prix du transfert de Thiago Silva de Milan au PSG), et Séville, Man U et Chelsea sont officiellement sur les rangs pour tenter de l’acquérir.

Si Badiashile quitte le club, l’ASM aura encore fait exploser les compteurs de son mercato, mais laissera filer un joueur en pleine progression, pas encore accompli mais constant sur les trois derniers mois de la saison dernière et par conséquent capable de directement attaquer le nouvel exercice en pleine confiance. La paire Maripan / Disasi n’a jamais rassuré personne et le seul Matsima comme solution de rotation laisse dubitatif.

Il serait utile que les dirigeants apprennent a déclarer certains joueurs de l’effectif comme totalement intransférables, ce avant l’ouverture du mercato estival. Notre club y gagnerait en stabilité et aussi en performance.

Photo : Pascal Della Zuana – Icon Sport