La tactique de Moreno : entre hésitation et adaptation

La tactique de Moreno : entre hésitation et adaptation

9 mai 2020 12 Par Corentin B

Treize matchs, voici le court échantillon de données que nous a offert l’AS Monaco version Robert Moreno. Avec 1,38 points par match en dix matchs de championnat, le moins que l’on puisse dire, c’est que les doutes subsistent. Entre interrogation et conviction, comment s’articule Monaco sauce Moreno ?

Un avant et un après Costières

Adepte du 4-4-2, Moreno n’est pas borné et installe dès le premier match un milieu à trois articulé derrière le trio Ben Yedder-Baldé-Martins. Des premiers résultats satisfaisants avec la victoire méritée face à Reims en Coupe de France et un nul explosif au Parc. Les premières consignes du plan de jeu sont claires et cohérentes avec le discours du jeune entraîneur lors de ses premières conférences de presse. Pressing haut, conservation du ballon, ailiers à l’intérieur du jeu avec des latéraux qui dédoublent systématiquement.

Sur le papier tout cela paraissait intéressant mais qu’en est-il sur le terrain ? Après deux premiers matchs intéressants, la routine du championnat ne nous apporte pas de folie chaque week-end. En effet, face à Paris à Louis II, puis face à Strasbourg, les Monégasques déjouent et explosent littéralement en plein vol. Une défense frivole et la sensation que Ben Yedder était noyé seul dans un océan de défenseurs devant. Arrive la catastrophe nîmoise : L’ASM débute le match tambour battant. Fofana et Bakayoko sont destructeurs dans leur rôle de relayeur et écrasent le milieu gardois. Après c’est le black-out.

À deux c’est mieux

Et oui, privé de Gelson Martins, Moreno n’a plus qu’un seul ailier de métier en la personne de Keita Baldé. Il faut donc s’adapter et la réaction va être express. Trois jours plus tard, les Rouges et Blancs reçoivent le SCO d’Angers et doivent retrouver la victoire, Jovetic est aligné dans l’attaque à deux du coach espagnol qui aligne un milieu en losange. Une victoire compliquée plus tard, Moreno aligne le même schéma face à Amiens, une erreur défensive entache le début de match monégasque. Grâce à la sortie du placard de Slimani, Monaco remportera la rencontre en miraculé. L’heure est venue pour la SBJ.

Slimani, Ben Yedder, Jovetic. Ce trio voit officiellement le jour face à Montpellier. Aligné en soutien des attaquants, Jovetic a le rôle clé du schéma, aussi bien avec que sans le ballon. En possession du ballon, Jovetic s’intercale entre les lignes, plus souvent en partance du côté gauche pour revenir dans l’axe du jeu. Tout en faisant la liaison entre milieu et attaque, Jovetic doit également pouvoir décaler le jeu sur les côtés en apportant le surnombre grâce à l’apport des latéraux.

Un sentiment de déjà vu

Sans ballon, l’effort de Jovetic doit être immédiat pour rejoindre le côté gauche, tandis que Golovin ou Bakayoko se décale sur le côté droit. Lorsque c’est Fabregas en position de meneur de jeu, Golovin se décale à gauche et Bakayoko sur le côté droit. Voilà pour l’organisation de l’ASM, c’est donc avec ce plan de jeu que Monaco mérite sa victoire face à Montpellier. Une série de 3 victoires qui se stoppera sur la pelouse de Dijon où Monaco a joué de mauvais choix devant la cage et de fébrilité défensive.

La sensation d’impuissance est encore plus frustrante face à Reims où après 45 bonnes premières minutes, l’ASM s’écroule. Un constat similaire lors du derby. L’ASM décide de laisser la balle à Nice mais appuie fort à la récupération. Emmenés par la paire Jovetic-Ben Yedder, les Niçois sont déstabilisés par l’absence de point de fixation devant et la percussion des milieux comme Golovin et Fofana sèment le chaos. Sans la dissolution de transversale par Jovetic et Golovin en fin de match, le score aurait dû être à l’avantage des Rouge & Blanc.

Malheureusement, ces derniers temps, Monaco rimait avec défense fragile, et la deuxième mi-temps face à Nice n’a pas dérogé à la règle. Un carton rouge de Jovetic déséquilibra l’équipe monégasque qui verra Dolberg se faufiler dans la charnière princière apathique. Nul doute que Moreno a quelques bonnes idées dans son esprit. Mais il va falloir du temps et de la patience avant de voir un projet de jeu cohérent. Les dirigeants et les supporters auront-ils ce temps et cette patience ? Le mercato sera déjà un bon premier test pour l’AS Monaco version Robert Moreno.

Photo : Mikhail Kireev – Spoutnik – Icon Sport