Le supporter monégasque : patience et sagesse

Le supporter monégasque : patience et sagesse

14 août 2018 9 Par Vianney L.

La saison 2018/2019 a commencé samedi contre Nantes (1-3) et chaque année, depuis le changement de politique des dirigeants russes en 2014, les craintes et les attentes sont les mêmes pour les supporters monégasques. Faisons le bilan.

 

La patience de l’asémiste

La politique du club reposant sur le recrutement de quelques cadres d’expérience et surtout la découverte de jeunes talents, de les faire éclore et de s’en séparer au meilleur prix, disons le-nous, fonctionne pour le moment à la perfection.

Basé en ligue 2 il n’y a pas si longtemps, notre club a surpris beaucoup de personnes en gagnant peu de temps après le championnat face aux stars du PSG.

Ce modèle économique, qui était souvent comparé à celui du FC Porto, réussi bien au club du rocher et lui a permis de revenir au premier plan du football professionnel français et de redorer son image européenne.

D’ailleurs celui-ci a lui aussi bien réussi au club portugais, lui permettant de briller au niveau européen il y a plus de 10 ans et surtout d’être omniprésent dans la Liga Sagres. Nuançons quand même, la ligue de foot du Portugal n’a pas de grosse cylindrée hors le FC Porto. Nous avons donc l’exemple d’un modèle qui fonctionne, et que l’AS Monaco a appliqué en allant encore plus loin en devenant une véritable pépinière de jeunes qui ont conscience désormais que Monaco est un club où il est possible de faire ses preuves en ayant du temps de jeu a l’instar de ce qu’a pu réaliser Mbappé.

Le supporter asémiste a donc cette habitude de voir tout un tas de jeunes arriver à chaque mercato et de craindre le pire à chaque saison. Pour que ce modèle économique fonctionne, les russes ont réussi à dégoter Leonardo Jardim qui est la pierre angulaire du projet. Sans lui, rien n’est possible – et le tacticien le sait. Jardim doit donc semer chaque saison ses jeunes pousses – excusez-nous du jeu de mot.

Ce modèle économique commence à faire des adeptes en Ligue 1 comme à l’Olympique Lyonnais (dans une moindre mesure) ; à la différence que l’OL fait de grands efforts pour garder ses joueurs. Le modèle n’est donc que partiellement appliqué… et heureusement !

Nous, supporters monégasques, devons donc faire preuve d’une grande patiente à chaque saison, jusqu’à la fin du mercato, dernière minute comprise du dernier jour, car ce modèle économique basé sur la plus-value, est sans cesse en activité. Il peut faire ressortir des sables mouvants des projets de transferts enfouis comme par exemple Falcao en Chine, la petite ritournelle estivale de ces dernières années.

Patience encore face à l’éclosion des jeunes talents.

 

La sagesse de l’asémiste

Sagesse : modération, docilité et prudence éclairée. Voilà ce qui peut définir aussi nos sentiments chaque saison. Évidemment, qui dit prudence, dit crainte. C’est au bilan d’une saison que ces craintes s’envolent. Et de la crainte ou des doutes, il y en a. Force est de constater que jusqu’à présent, toute prudence acquise, les résultats ont été vraiment très très satisfaisants, voire même plus que ça. Depuis le retour de l’ASM dans l’élite, aucune autre équipe n’a pu faire trembler le club parisien. Monaco ressemble un peu à la tortue  qui talonne le lièvre (hors saison 2017, exceptionnelle). Mené par quelques grands joueurs accompagnés de jeunes talents, difficilement mais sûrement, le club figure toujours dans les meilleurs du championnat.

Bien-sûr, il y a des ratés dans le recrutement. Vu la quantité de turn-over, nous devons faire face à beaucoup de désillusions aussi (comme Ghezzal) ; d’ailleurs ça ne surprend plus grand monde dans les rangs des supporters de voir un jeune signer et prêté aussitôt. Mais la sagesse est le corolaire de la patience et espérons que ça continue ; il est vrai cet été encore, l’équipe a été chamboulée. Raggi l’a encore affirmé il y a peu ”Chaque année, Monaco c’est 2e, 2e, 2e et même premier. Chaque année, on nous critique et on nous dit qu’on n’est pas bon et chaque année on finit 2e. Et c’est ça qui compte.Il n’a pas totalement raison, Monaco n’est pas toujours deuxième…

 

Le bilan après 5 années du modèle économique monégasque par contrats malins

Au niveau du résultat, seule chose qui compte finalement :

Saison Championnat et coupes Europe
2013/2014 L1 : 2ème

CDF : 1/2

CDL : 1/16

/
2014/2015 L1 : 3ème

CDF : 1/4

CDL : 1/2

C1 : 1/4
2015/2016 L1 : 3ème

CDF : 1/8

CDL : 1/8

C3 : poules
2016/2017 L1 : champion

CDF : 1/2

CDL : finaliste

C1 : 1/2
2017/2018 L1 : 2ème

CDF : 1/16

CDL : finaliste

C1 : poules

 

L’ASM semble osciller tous les deux ans sur une très bonne saison, notamment en coupe d’Europe. La saison passée ayant été très terne à ce niveau là, espérons que cette année sera meilleure. De toute façon, elle ne pourra être moins égayante.

Au niveau de la machine à cash, Monaco est devenu expert. Le club a su recruter aussi un très bon staff technique et a mis en place l’AS Monaco FC Academy, véritable pilier de la structure asémiste. Depuis 2013, l’AS Monaco FC a environ dépensé 560M€ et gagné environ 815M€, soit une balance d’environ 255M€ en recettes. Voici plus de détails sur les principaux mouvements d’effectif :

  • 2013/2014 : c’est la saison du passage à la vitesse supérieure ;

Dépenses en transfert  : 165 M€ .

Principales arrivées : Falcao, J.Rodriguez, Kondogbia, Martial, Toulalan, Isimat-Mirin, L. Traoré, Carvalho, Abidal, Berbatov, Toulalan

Recettes en transferts : 4, 75M€

Principaux départs/prêts :  Touré, Al-Nasr, L. Traoré, Abdennour

  • 2014/2015 : saison du virage de la politique du club

Dépenses en transfert : 39 M€

Principales arrivées : Abdennour, T. Bakayoko, Lopes, Boschilia

Recettes en transferts : 89M€

Principaux départs/prêts : J. Rodriguez, E. Rivière, B. Silva, Sketelenburg, Wallace, Fabinho, N’Dinga, Obbadi, Salli, N’Gakoutou, Tisserand, Pi, Nardi Isimat-Mirin, Ocampos

  • 2015/2016 :

Dépenses en transfert : 96 M€

Principales arrivées : Jemerson, V. Love, Cavaleiro, A. Traoré, Carrillo

Recettes en transferts : 160M€

Principaux départs/prêts : Lopes, Boschilia, Martial, Kondogbia, Kurzawa, Abdennour, Carrasco, El Shaarawy, Falcao

  • 2016/2017 : la saison des prêts (allègement salarial)

Dépenses en transfert : 42m€

Principales arrivées : Sidibé, Mendy, Glik, De Sanctis, A. Bennasser, Antonucci, Jorge

Recettes en transferts : 8.7M€

Principaux départs/prêts : , Pi, Nardi, C. Jean, Echiejile, Bahlouli, Toulalan, Cavaleiro, Tisserand, Chérif, Mexique, V. Love, A. Traoré, L. Traoré

  • 2017/2018 :

Dépenses en transfert : 127M€

Principales arrivées :  Pellegri, Baldé, Tielemans, Kongolo, Diakhaby, Jovetic, Mboula, Benaglia, Ghezzal, Meïté

Recettes en transferts : 207M€

Principaux départs/prêts : Mendy, B. Silva, Saint-Maximin, Germain, Echiejile, Dirar, C. Jean, Gaspar, Nardi, Diallo, T. Bakayoko, De Sanctis, Carrillo, Meïté

  • 2018 (en cours) :

Dépenses en transfert : 96M€

Principales arrivées : Golovine, Geubbels, Aholou, Barreca, Pelé, Pierre-Gabriel, Grandsir, Panzo

Recettes en transferts : 340,6M€

Principaux départs/prêts : Mbappé (officiellement), Lemar, Fabinho, Kongolo, Ghezzal, Meïté, Diakhaby, Mountinho, Beneddine

Il est donc facile ainsi avec cette liste non-exhaustive, de se rendre compte du turn-over au sein de l’effectif. La balance des départs/ventes est largement bénéficiaire.

 

Qu’on le veuille ou non, c’est la politique des dirigeants et ce modèle de gestion est bénéfique pour l’instant au club. La pépinière est telle qu’un raté par ci par là est facilement compensable. Le club de la principauté s’enrichit fortement tout en restant attractif et en gardant le haut de l’affiche. Pour preuve, le club est classé par le KPMG parmi les clubs les plus riches. Nous n’avons plus qu’à espérer, comme toujours, que finalement le recrutement tout beau tout neuf soit au niveau. Pour le moment, nous n’avons pas à nous plaindre des résultats. Pourvu que ça dure!

 

Sources : Sofoot et Francefootball