ASM : Le bilan à la mi-saison

ASM : Le bilan à la mi-saison

20 janvier 2023 24 Par Olivier N

Petite incongruité de notre épisode 2022/2023 de L1 ; la mi saison ne survient pas avant les fêtes de Noël mais seulement mi-janvier. Les organismes de nos chers joueurs n’auront pas le loisir de relâcher, l’ASM, dans 12 jours, affrontera l’OM au Vélodrome pour le premier match de la phase retour et accessoirement une rencontre déjà capitale pour l’avenir de nos ambitions. Que dire alors de notre première partie de saison ? Entraîneur et dirigeants se félicitent du rapport comptable à l’aube de la 20ème journée. Les supporters oscillent d’avantage, s’interrogent toujours et pour certains s’inquiètent encore. Faut-il voir notre avenir radieux, passable ou embrumé ? Commençons donc par un petit bilan de mi-mandat.

Un oeil dans le rétro….

Certes la statistique ne résout pas les problèmes ni n’apaise les inquiétudes mais nous offre toutefois une lecture stable de la situation actuelle du club. Comparons donc notre classement et notre compteur avec ceux des années passées à la mi saison.

Actuel : 4ème – 37 pts

21/22 : 7ème – 27 pts

20/21 : 5ème – 33 pts

19/20 : 7ème – 28 pts

18/19 : On va éviter de se faire du mal

17/18 : 2ème – 41 pts

Il faut ainsi remonter à la saison 2017/2018, soit cinq années en arrière, pour trouver des asémistes plus performants que les nôtres en cette mi-saison. L’ASM, ces dernières années, s’est sensiblement faite remarquer pour systématiquement déglinguer ses entames de championnat. Or si notre mois d’août s’est montré aussi décevant que les précédents (avec 5 points pris sur 15 possibles), l’ASM ne perdra que deux matchs entre septembre et janvier pour afficher un bilan satisfaisant.

Une seule ombre au tableau et elle est de taille : nos concurrents ne semblent rien vouloir lâcher. Le leadership du PSG, qu’on pensait à nouveau indiscutable, est remis en question par des challengers performants ; Lens et Marseille enchaînent et Rennes demeure dangereux. L’ASM compte 5 longueurs de retard sur le podium, ce qui n’est mécaniquement pas grand chose, sauf à concéder une défaite au Vélodrome qui nous placerait à 8 points de l’OM.

Ce qui rassure

Notre position actuelle au classement emporte nécessairement des motifs de satisfaction.

En premier lieu, la continuité de notre effectif a clairement porté ses fruits. A la différence des années précédentes, l’ASM n’a pas cédé à la fièvre vendeuse et offre un projet qui demeure cohérent. Tchouaméni, Diop et plus récemment Badiashile, parmi les joueurs utilisés dans notre effectif, ont quitté l’ASM, sans que leurs départs ne portent préjudice aux résultats et aux ambitions du club. Avec le maintien des cadres, arrivent nécessairement le progrès et l’expérience qui ancrent nos joueurs dans un projet de plus long terme et optimisent les performances.

Ensuite l’Academy demeure un motif de large satisfaction. Outre l’amour toujours plus fort que l’on voue à un club qui fait éclore sa jeunesse, l’immense qualité de notre formation porte ses fruits chez les pros. Akliouche en début de saison, Ben Seghir qui se révèle et le très prometteur Magassa potentiellement capable de pallier aux carences de Matazo… autant de cartouches, de réserve, de surprises qui peuvent nettement faire la différence face aux concurrents.

Le recrutement quant à lui est aussi satisfaisant. Mettons nous dans la tête que pour chaque club, quels que soient ses moyens, la réussite intégrale des joueurs qu’on recrute est inatteignable. Certes Sarr fait peur (mais il n’est que prêté) et Minamino est presque déjà un poids mort, mais Embolo et Camara sont deux superbes pioches d’une utilité absolue depuis le début de saison.

Et plus généralement, nous avons plusieurs raisons de croire à une belle seconde partie de saison. La mentalité des joueurs est excellente (en atteste l’extraordinaire comportement de WBY), le niveau de discipline du groupe est lui aussi excellent, le talent clairement là, notre gestion des efforts sur l’intégralité d’un match nous permet de rester dangereux. On pourrait alors croire que rien ne cloche…

La pierre angulaire : Fofana / Camara

Un peu de tactique à présent. Quel est le schéma préférentiel de l’ASM au milieu de terrain ? Le principe est assez simple : jouer avec seulement deux milieux axiaux vous permet de libérer une place offensive à la différence des clubs qui en exploitent trois. L’ASM privilégie, depuis longtemps, cette option pour permettre un 4-4-2 avec deux véritables pointes et des ailes offensives (Bakayoko/Fabinho pour M’Bappé/Falcao jadis et Tchouaméni/ Fofana pour WBY/Volland plus récemment). Aujourd’hui la paire Fofana / Camara est clairement la base essentielle de toute l’architecture du jeu monégasque. Le rôle joué par cette doublette est considérable puisqu’il englobe absolument toutes les phases de jeu et requière une endurance hors norme. Si on peut largement se satisfaire de leur rendement, une telle dépendance pose naturellement deux problèmes.

Un problème propre pour commencer. Le schéma offert par P.Clement est extrêmement rigoureux et donc parfaitement lisible pour nos adversaires. Ce qui n’est pas forcément un mal en soi mais requiert davantage de possession et de domination. Camara et Fofana sont donc essentiels à cette construction offensive (support des ailes pour combinaison à trois et réorientation du jeu pour décalage ou prise de risque vers l’avant pour casser les lignes adverses). La plupart de nos adversaires le savent, le voient et réagissent en conséquence. Leur but c’est l’entonnoir : rendre le jeu d’ailes inefficace, bloc bas (mais pas trop), lignes resserrées, ceci contraignant l’ASM à la prise de risque ou à la combinaison accélérée et à ce jeu là, dans l’axe, la moindre erreur se transforme en contre potentiellement fatal (vu le positionnement de notre bloc à la perte). La perte ne viendra pas forcément de Fofana ou Camara, mais par exemple d’un joueur d’aile avec lequel ils veulent combiner ou viennent de combiner… effet d’aspiration = gros danger. Ce style d’animation, très rigoureux et en constante logique de bloc ne tolère pas la faute ou la fantaisie. L’exemplarité de l’axe n’est pas une option mais une obligation.

Un problème de rotation pour suivre. Sur le même schéma tactique, P.Clement opère à une simple rotation quand Fofana ou Camara manque et la différence de jeu produite est abyssale. Contre Lens (Matazo/Jean Lucas) et Lille (Fofana/Matazo) les insuffisances de notre milieu sont criantes et l’ASM encaisse 8 buts et enregistre 2 de ses 4 défaites en 19 rencontres. A Auxerre, Fofana est laissé sur le banc et Matazo le supplée. Notre première période est immonde, Fofana entre à la pause et s’il marquera contre son camp, son entrée permet de comprendre la différence colossale entre un jeu avec notre duo et un jeu sans. Recruter au poste apparaît toujours une nécessité et M.Camara sera suspendu face à l’OM.

Les zones d’ombre

Et enfin ce qui ne nous rassure jamais. Petite question ; avez vous, chers amoureux de l’ASM, vécu un match de cette première moitié de championnat sans trembler, sans avoir peur que le score ne se retourne ou sans sentir, même périodiquement, que notre chère diagonale souffrait plus que de raison ? La question est purement rhétorique…

Pour être exact on peut resortir trois rencontres pour lesquels les rouge et blancs ont survolé leur sujet. Contre Reims (3-0 mais Locko est exclu dès la 22′), face à Nantes (4-1) et notre dernier match en date face à l’ACA (7-1). Pour le reste toutes nos rencontres ne nous laissent jamais entièrement sereins. La cause réside en notre principale défaillance : la fragilité.

Fragilité individuelle en premier lieu. Il suffit pour cela de compter les gestes élémentaires (contrôle, passe simple ou transversale) qui se transforment en déchet et aussi de voir les lourdes erreurs individuelles qui nous coûtent tant de points (le rouge stupide de Camara contre Clermont, la perte de Caio contre Lorient, les fautes de main ou de relance de Nübel, Vanderson qui s’oublie contre Lens…..). Ces erreurs ne semblent pas liées à la faiblesse intrinsèque de nos joueurs puisque, pour la plupart, ils ont fait la démonstration de leurs qualités. Ce sont des fautes d’inattention, de concentration; de la fragilité psychologique que la jeunesse ne peut pas toujours excuser.

Fragilité de groupe ensuite. C’est un grand classique dans le football et l’ASM n’est pas la seule à la vivre évidemment. Mais nos rouges et blancs semblent avoir du mal à assumer leurs propres qualités, à prendre la mesure de leur domination et cela se traduit souvent par le refus de jeu une fois le score en notre avantage ou lorsque l’adversaire réduit la marque. Ceci quel que soit l’opposant.

Prenez nos dix dernières minutes à Brest ou contre Lyon (une fois le score à 2-1), prenez l’attitude de notre équipe à Lorient qui maîtrise globalement son sujet et ouvre la marque pour, en deux minutes, se faire totalement retourner. Prenez enfin ce match face à l’OM ou après être arrivé miraculeusement à 1-1 à la mi-temps, Volland nous place à 2-1 au terme d’une excellente entame de seconde période. Une fois le score acquis l’ASM s’arrêtera net et s’arcboutera en lignes pour finalement perdre alors que l’adversaire, à la 72ème, devait être mis à terre pour ne plus se relever. Ici réside notre plus grande marge de progression.

Equilibre précaire de l’ASM au terme de cette première moitié de championnat mais équilibre toutefois. Les rouges et blancs affichent de nets progrès comptables et une belle progression de groupe dans la cohésion et la discipline. La seconde partie de saison s’annonce palpitante mais pour qu’elle nous soit profitable de larges progrès restent à accomplir. Espérons, parce qu’elle en a le talent et les moyens que cette équipe sorte enfin la machine à baffes et plus le trouillomètre.

Photo par Serge Haouzi/FEP/Icon Sport