Histoires bleues en Rouge et Blanc

Histoires bleues en Rouge et Blanc

8 juillet 2024 16 Par David L

Le Championnat d’Europe des Nations 2024 touche Ă  sa fin. Quatre pays sont encore en lice pour le titre : l’Espagne, l’Angleterre, les Pays-Bas et la France. Cet Euro n’a pas Ă©tĂ© gĂ©nĂ©reux en matchs exceptionnels et en rĂ©vĂ©lations : la GĂ©orgie a suscitĂ© la sympathie et la Turquie a frappĂ© les esprits par son envie et sa solidaritĂ©. Pour le reste, c’est plutĂŽt pauvre. La France a assurĂ© l’essentiel, parfois jusqu’au bout de la nuit (contre le Portugal), souvent au bout de l’ennui. Le football n’est pourtant pas que maĂźtrise et Ă©quilibre, il est aussi source d’émotions inĂ©galables. Prenons quelques minutes pour Ă©grener les souvenirs des joueurs qui ont portĂ© les maillots français et monĂ©gasque.

Notre gardien de but Jean-Luc Ettori (755 matchs sous le maillot monĂ©gasque entre 1975 et 1994 et 9 matchs en Bleu) a Ă©tĂ© un acteur du « match du siĂšcle » le 8 juillet 1982 au stade Sanchez Pizjuan Ă  SĂ©ville. La demi-finale de la Coupe du Monde 1982 a opposĂ© la rigueur tactique et physique de la RFA au jeu technique et offensif de l’Ă©quipe de France menĂ©e par Michel Platini. Dans cette nuit torride, aucun spectateur n’a oubliĂ© la dramaturgie de cette rencontre. Vingt-sept ans aprĂšs la Seconde Guerre mondiale, face Ă  la colĂšre provoquĂ©e par le geste fou d’Harald Schumacher sur Patrick Battiston, François Mitterrand et Helmut kohl ont dĂ» faire une dĂ©claration commune pour apaiser les esprits.

Nos dĂ©fenseurs ont Ă©galement participĂ© aux grandes heures de l’équipe de France. Willy Sagnol (99 matchs avec l’AS Monaco / 58 sĂ©lections) n’a certes pas gagnĂ© de titre avec la France mais a participĂ© au chef d’Ɠuvre de ZinĂ©dine Zidane contre le BrĂ©sil en quart de finale de la Coupe du Monde 2006. Lilian Thuram (193 / 142) a, en vingt-trois minutes, complĂštement renversĂ© la demi-finale de la Coupe du Monde 1998 contre la Croatie. Il restera dĂ©sormais associĂ© Ă  cet improbable doublĂ© jusqu’à la fin de sa vie ! SĂ©bastien Squillaci (157 / 21) a eu la malchance de jouer dans une pĂ©riode creuse de l’équipe de France et de faire partie du groupe lors de la triste Coupe du Monde en Afrique du Sud en 2010. Manuel Amoros (348 / 82), titrĂ© en 1984, a, quant Ă  lui, Ă©tĂ© le premier Bleu Ă  donner un coup de tĂȘte Ă  mauvais escient lors du match France – Danemark le 12 juin de la mĂȘme annĂ©e.

L’AS Monaco est un club renommĂ© pour ses milieux de terrain crĂ©ateurs et flamboyants. Peu de MonĂ©gasques ont pourtant brillĂ© en Ă©quipe de France. Les lĂ©gendes Jean Petit (426 / 12) et Youri Djorkaeff (196 / 82) ont plus marquĂ© le club de la Principauté que la sĂ©lection. Subsiste nĂ©anmoins Emmanuel Petit (292 / 63) dont le but a parachevĂ© le premier titre mondial de l’équipe de France en 1998. A l’issue de ce match, Thierry Roland avait trouvĂ© les mots justes : « Et c’est fini ! L’Ă©quipe de France est championne du monde ! Vous le croyez ça ? L’Ă©quipe de France est championne du monde en battant le BrĂ©sil 3-0 : deux buts de Zidane, un but de Petit. Je crois qu’aprĂšs avoir vu ça, on peut mourir tranquille, enfin le plus tard possible, mais on peut. Ah c’est superbe, quel pied ! Ah quel pied, ah putain ! Oh lalalalalala Oh ! Oh c’est pas vrai ! Oh c’est pas vrai ! ». Pour Youssouf Fofana (173 / 21), espĂ©rons que le meilleur est Ă  venir.

Nos attaquants ont clairement contribuĂ© aux succĂšs des Bleus, notamment aux deux victoires en Championnat d’Europe des Nations : en 1984, Bruno Bellone (229 / 34) a libĂ©rĂ© les supporteurs français toujours traumatisĂ©s par l’injustice de 1982. Ce but est la touche finale au succĂšs de la plus belle des gĂ©nĂ©rations françaises et de son milieu magique Platini – Tigana (quel match contre le Portugal en demi-finale !) – Giresse. Bien sĂ»r, le but de David Trezeguet (125 / 71) est le point d’orgue de l’annĂ©e 2000 ! Sa superbe volĂ©e fait dĂ©sormais partie de la lĂ©gende bleue ; sa joie extatique et l’exaltation provoquĂ©e dans le pays font partie de l’Histoire. Ce soir-lĂ , la France Ă©tait un royaume et David son roi.

Reste un, voire deux matchs Ă  l’équipe de France pour provoquer ce frisson et cet emballement. Si les Bleus l’emportent, ils Ă©tofferont leur palmarĂšs et gagneront le respect. S’ils ne se contentent pas de maĂźtriser les Ă©vĂ©nements, mais s’ils les subliment, ils gagneront bien plus : l’équipe gagnera les cƓurs. Ils intĂšgreront les albums de souvenirs des Français. Les parents raconteront leurs matchs Ă  leurs enfants, les gĂ©nĂ©rations futures cĂ©lĂšbreront leurs exploits avec nostalgie. L’équipe de France 2024 sera alors Ă©ternelle.

Photo : Johnny Fidelin/FEP/Icon Sport