Wissam Ben Yedder ; mise au point

Wissam Ben Yedder ; mise au point

17 août 2023 13 Par Olivier N

Alors que les frères Ben Yedder, visés l’un comme l’autre par deux plaintes pour viols, ont allègrement defrayé la chroniques ces deux dernières semaines, c’est évidemment la situation du n°9 asémiste qui interpelle nos supporters. Alors qu’ii fut titularisé et double buteur ce dimanche, le club fait abstraction de sa situation pénale et lui maintient sa confiance sportive. Loin du torrent de haine sotte qui se déverse tant sur le joueur que sur les plaignantes, la rédaction d’asm-supporters fait simplement le point sur sa situation. 

Les faits

Ils remonteraient au 10 juillet. Deux femmes majeures accusent le joueur et son frère cadet d”actes sexuels imposés”  durant une soirée se tenant à Beausoleil (Alpes Maritimes). Le parquet compétent (Nice) saisi d’une plainte ouvre mécaniquement une enquête.

L’ ouverture d’une information judiciaire.

WBY sera placé en garde à vue pour une durée de 48h à l’issue de laquelle le parquet, par réquisitoire introductif, saisira le juge d’instruction. Précisons que la saisine d’un juge d’instruction est dans ce cas impérative, les faits allégués par les plaignantes étant criminels.

Le joueur sera ensuite présenté au magistrat instructeur puis mis en examen des faits de “viol, tentative de viol et agression sexuelle. Ce même magistrat saisira le JLD (juge des libertés et de la détention) aux fins de statuer sur un éventuel placement en détention provisoire.

Le contrôle judiciaire

Le JLD ordonnera à l’encontre à l’encontre du joueur son placement sous contrôle judiciaire. Ceci en des termes plus profanes, signifie que WBY n’a pas été incarcéré. La justice a ainsi estimé que le joueur a présenté des garanties suffisantes à sa représentation devant le magistrat instructeur et à la conduite de l’information judiciaire sans que cela ne nécessite incarcération. Les plus intéressés pourront consulter l’article 144 du code de procédure pénale pour comprendre le raisonnement que le JLD doit suivre lorsqu’il statue dans ces circonstances.

Le joueur a également été tenu de séquestrer la somme de 900 000 € au titre de caution et se doit d’informer le juge d’instruction de tout déplacement hors du territoire français.

Les suites

Rappelons que le propre d’une information judiciaire est de permettre au juge d’instruire “à charge et à décharge”, ceci signifiant qu’il se doit de faire la lumière sur les évènements du 10 juillet dernier, qu’il dispose de pouvoirs étendus pour ce faire et qu’il doit tant tenir compte des facteurs incriminants que des éléments qui pourraient disculper le joueur et son frère.

La durée de l’information judiciaire n’est pas précisément déterminée dans le code de procédure pénale (seule la durée de la détention provisoire l’est), le juge d’instruction demeure largement souverain quant à la conduite de l’information qu’il décide, ce qui peut laisser penser qu’elle pourra prendre des années. A son terme le magistrat devra la clôturer soit par un non-lieu (abandon des poursuites) soit par un renvoi devant une juridiction de jugement.

Rappelons que WBY, comme toute personne, est présumé innocent jusqu’à preuve du contraire ceci ne signifiant pas non plus que les plaignantes mentent. Afin d’éviter de verser dans le caniveau, il convient, dans le silence d’une enquête et d’une instruction, d’éviter les assertions hâtives et infondées… dans un sens comme dans l’autre.

La position de l’ASM

Beaucoup s’interrogent, voire s’insurgent, sur le choix du club de précisément ne rien faire à l’encontre du joueur. A commencer par le laisser s’entraîner et jouer ! Or le club ne fait que respecter une décision de justice rendue par le JLD. Le contrôle judiciaire a été ordonné à l’encontre de WBY précisément parce qu’il présentait des garanties suffisantes de représentation à commencer … par son travail ! Pourquoi le club empêcherait le joueur de pratiquer son métier ou le sanctionnerait d’une manière quelconque alors qu’il est présumé innocent et que la justice a estimé que la situation professionnelle de WBY était l’une des garanties qu’il offrait au magistrat instructeur ?

Le club respecte tant la présomption d’innocence que la décision du JLD. En se refusant, à juste titre, à tout commentaire, il respecte aussi la parole des plaignantes.

Pour le reste nous ne savons rien, l’enquête et l’information judiciaire demeurent protégées par le secret (dont la violation et le recel sont des délits). Contrairement à ce qu’affirmeront les imbéciles nous vivons bien dans un état de droit et il faut tout bonnement laisser la justice travailler impartialement.

Photo par FEP/Philippe Lecoeur/Icon Sport