Denis Zakaria ; clap de fin ?

C’était un long dimanche comme les autres, enfin, après plus de deux mois sans L1. L’ASM l’emportait face au HAC et cette douce torpeur dominicale permettait aux supporters les plus attentifs de sereinement découvrir, une à une, les formations concurrentes qui croisaient le fer dans l’après-midi. Avant de clore cette première journée et avec une brutalité sans nom, le rocher tout entier nous tombait sur la tête : Al-Ahli et l’ASM tombaient d’accord pour le transfert de Denis Zakaria !

Dimanche 17 août, peu avant 20 h ….

Fake news ? Boule puante ? Mauvaise blague ? On serait tenté instinctivement de penser au cumul des trois. Si ce n’est que les initiateurs de cette information, Fabrice Hawkins (RMC) d’abord et Santi Aouna (footmercato) ensuite, ne sont ni l’un, ni l’autre réputés pour tweeter sans biscuit. Pour eux il n’est pas question d’une approche de la formation saoudienne pour attirer notre capitaine mais bien d’un accord trouvé entre les deux clubs qu’il appartiendra ensuite au joueur d’entériner ou non. Une bombe donc, une intraveineuse d’amertume pure pour qui aime l’ASM. 

La nouvelle tombait aux alentours de 19h45, une heure plus tard l’Equipe semblait largement mettre de l’eau dans le vin de cette première information, précisant qu’aucun accord n’aurait été trouvé entre les deux clubs, Al-Ahli étant venu engager des discussions concernant le recrutement du joueur sans que l’ASM n’ait encore formellement répondu. Une brève assez lacunaire et insuffisamment étayée pour rassurer nos coeurs déjà meurtris.

Mais aux aurores de ce lundi 18 août le quotidien changeait largement de ton en titrant « Comment Monaco peut combler le vide laissé par Zakaria sur le point de rejoindre l’Arabie Saoudite » ; vous l’aurez aisément compris, l’information initiale est clairement reprise ; l’article mentionne un accord en amont entre les clubs suivie d’une proposition de contrat à la dimension quintuple XL, qui ne se refuse pas selon la formule surannée. L’ASM ne serait pas logée à une autre enseigne que ses homologues français, dans une ligue 1 aux allures austéritaires et aux budgets grevés, personne, à l’exception du PSG, ne peut plus dire non à l’argent. Monaco a beau jeu d’être l’un des meilleurs élèves de la DNCG, pour afficher des comptes globalement équilibrés et un endettement résiduel par rapport à ses concurrents, le club anticipe une forte perte à l’issue de cet exercice et Rybo ne mettra pas au pot (voici des années qu’il ne le fait plus). Fabrizio Romano était le premier à évoquer l’enveloppe : 45 millions d’euros pour notre capitaine. 

Si évidemment tout peut encore s’écrire ce matin au conditionnel, le faisceau est plus que palpable, le crédit que l’on peut accorder à ceux qui nous ont informé depuis hier soir a bien justifié que la nuit de beaucoup d’amoureux de l’ASM fut blanche.

Pourquoi ?

Même si nous n’aurons sûrement jamais le fin mot de l’origine de cette transaction possible, il paraît plus que difficile de croire que le joueur en est l’initiateur. Protégé et proche d’Adi Hütter, capitaine, joueur indispensable à la mentalité exemplaire, son implication infaillible, même encore samedi, nous laisse facilement penser que si le suisse avait eu des envies d’ailleurs ils les auraient formulées à l’aulne du mercato estival et pas à moins de quinze jours de sa clôture. 

Il faut donc, pour comprendre ce qui se trame et se joue, se résoudre à une simple analyse économique. L’ASM a besoin d’oseille et s’apprête donc à vendre. Soit ! On peut toujours le déplorer mais la réalité économique s’impose à nous. Les dirigeants des clubs de L1 ont majoritairement, et trop longtemps, fait la démonstration de leur incurie pour ne pas admettre qu’il nous faille nous aussi raisonner sérieusement en comptables, il en va de la pérennité de notre championnat tout entier.  Mais ici, ce n’est pas le besoin qui interroge mais la réponse au besoin ; vendre le seul joueur de notre effectif qui n’a ni égal ni remplaçant ? Vendre fin août ? Vendre en Arabie Saoudite ?. L’argent était pourtant ailleurs !

Ceci signifie donc l’échec net et sans bavure d’une politique de fixation abusive de prix de tous ces joueurs à qui on a filé des bons de sortie et qui n’ont jamais pu trouver preneur, autant que de jeunes talents tel Maghnes Akliouche évalué à un tarif hors sol et hors valeur intrinsèque. L’ASM a encore aujourd’hui 5 défenseurs centraux (Dier, Kehrer, Singo, Mawissa, Salisu) et 5 attaquants de pointe (Ilenikhena, Balogun, Embolo, Biereth, Brunner), sans mentionner ceux qui poussent à l’Académie. Mais l’ASM n’a rien à nous offrir de viable pour compenser un tel départ. Magassa est clairement sur la liste des départs, Bamba et Coulibaly sont des enfants, Pogba une valeur purement hypothétique et surtout indisponible à l’heure actuelle.

La vente de Zakaria, si elle était conclue, semble venir de tout en haut, à rebours de l’estime que lui voue son coach et de la politique sportive de Scuro. L’argent était ailleurs ! Se séparer d’un tel joueur mettra en péril l’équilibre du vestiaire tout entier. Notre seul espoir demeurant que le club infirme clairement avoir donné son accord ou que le joueur se refuse à quitter le rocher. Si l’ASM a bel et bien donné son feu vert, il s’agirait de la pire décision sportive de l’ère Rybolovlev.    

Photo by Loic Baratoux/FEP/Icon Sport