Olivier Giroud, la bonne pioche

Le stade Pierre Mauroy est une citadelle difficile à faire tomber. L’année dernière, seules deux équipes (Paris SG et… Le Havre AC) y sont parvenues. Malgré une première mi-temps de bonne facture, l’AS Monaco a échoué et a même concédé la défaite en fin de partie.

Lille OSC – AS Monaco : 1-0

Lille OSC : Giroud 90’+1

A chaque match, les supporters monégasques y croient : la chrysalide va se transformer en papillon. C’est partie remise. Une nouvelle fois. Dans la nature, cette étape dure entre sept et quatorze jours, au cours desquels la chenille se métamorphose en papillon adulte. Pour l’AS Monaco, elle dure depuis plus de dix-huit mois et nous n’en voyons toujours pas la fin. Il faudra bien s’y faire : cette équipe n’a pas de destin. Le nôtre est d’encourager une équipe volontaire, mais sans ligne directrice claire. La tentation est forte d’écrire une nouvelle chronique aigre-douce sur notre club préféré. Comment être après avoir été ? Quand reverrons-nous le club au jeu bien léché de notre enfance ? Quand revivrons-nous les émotions de l’équipe dirigée par Leonardo Jardim ? Il devient difficile de trouver de nouveaux titres vifs et percutants. « Un jour sans fin »  a déjà été utilisé. « Un jour sans fin II » ou « Un jour sans fin, le retour » auraient pu convenir. « Deuxième ou trente-sixième journée ? » aurait également pu être une option. Mais cela est guère emballant et le football mérite mieux.

Le football est un sport d’émotions. Les supporters vivent les matchs de leur équipe favorite avec une passion dévorante. Ils alternent joie exubérante et détresse profonde. Dimanche soir, la belle histoire était clairement du côté lillois. Le club du Nord a aussi son champion du monde 2018. Les supporteurs monégasques doivent bien l’admettre : Olivier Giroud est un sacré joueur et a livré un combat intense pendant l’intégralité de la rencontre. Aleksander Golovin, préposé à son marquage sur les corners (drôle d’idée !), s’est accroché et Eric Dier, même s’il a été solide, s’est laissé prendre par la feinte du buteur lillois dans le temps additionnel. Olivier Giroud a certes raté quelques occasions et les supporters monégasques ont pu sourire en se remémorant le match Arsenal FC – AS Monaco du 25 février 2015 : il avait également beaucoup manqué. Mais, ce joueur est un exemple de travail, de sérieux et de résilience. Dix ans plus tard, comme à son habitude, il ne s’est pas découragé et a fini par délivrer son équipe. Alors que nous aurions pu penser qu’Olivier Giroud serait cantonné à un rôle de remplaçant, il a joué et pesé pendant tout le match. Mieux, Bruno Genesio semble avoir construit son équipe autour de lui. A bientôt 39 ans, il ne tiendra peut-être pas physiquement toute la saison, mais c’est déjà suffisant pour que nous ne mégotions pas notre admiration. Sa joie communicative après son but montre qu’il aime le football pour ce qu’il est : un jeu. Le public lillois ne s’y est pas trompé et a scandé son nom même après son pénalty raté. Perdre sur un but de ce joueur qui semble immortel rend la défaite (un peu) moins amère. Soyons beaux joueurs et applaudissons Olivier Giroud. C’est pour ce genre de joueurs que nous aimons ce sport. Bravo à lui.

Le kart lillois est lancé à pleine vitesse. Le bolide monégasque peine à démarrer et a déjà trois points de retard sur un Paris SG encore en rodage. Mais notre tour viendra peut-être. L’équipe médicale du club finalise les ultimes réglages de notre champion du monde 2018 : Paul Pogba devrait être opérationnel dans un mois. Espérons qu’il éclairera le jeu des Rouge et Blanc et fera vivre des moments de grâce à ses supporters. En attendant, vive le football, vive Olivier Giroud et surtout vive l’AS Monaco !

Photo by Philippe Lecoeur/FEP/Icon Sport